Section 3L
Modes de vie des occupants du château au 17e siècle
d’après un dépotoir (Période 3i)
Philippe Husi, James Motteau

Une fosse dépotoir (F354) liée à l’occupation tardive du château est le seul contexte ayant révélé un assemblage de mobilier suffisamment abondant pour tenter, de manière indirecte, de préciser le niveau social des occupants des lieux au 17e siècle (Pl. 3L), sachant par ailleurs l’état de délabrement des lieux à l’époque (Cf. chap.1).

La vaisselle en terre cuite (PH)
L’éventail restreint des récipients en terre cuite ne se distingue pas de celui plus général observé en Touraine, en sachant que les contextes fouillés pour cette période tardive sont peu nombreux. En effet, ce qui semble caractériser la poterie tourangelle du 17e s. est un appauvrissement du répertoire et une standardisation des formes dus à l’importance exercée par l’usage du grès provenant essentiellement des ateliers de la Puisaye (38 % du total) (Husi 1996 ; 2003a ; b) (Pl. 3L, Fig. 2). Le 17e siècle précède l’apparition de multiples ateliers locaux de faïence dans le courant du siècle suivant, laquelle se traduit par un élargissement de l’éventail des récipients utilisés. Autrement dit, l’appauvrissement du répertoire au 17e siècle s’oppose à la diversité des récipients du 16e siècle, puis à celle du 18e siècle. Les formes présentes dans ce dépotoir sont les coupes, les pichets, les plats et les pots.
A la différence du 16e siècle, aucun récipient extraordinaire, par la qualité ou l’originalité de son décor, ne témoigne ici d’une fonction véritablement ostentatoire. On peut imaginer que si, au 17e siècle, une population aisée avait encore occupé cette partie du château, ouverte sur l’extérieur, ce dépotoir aurait livré des récipients décorés du Beauvaisis, d’autant que les relations avec ces ateliers sont attestées dès le siècle précédent.
En outre, la faible présence des pots du Domfrontais va dans le sens d’une population présente ordinaire ne consommant que peu de beurre : faut-il encore que l’importance de la consommation de ce produit soit socialement discriminante pour une période aussi tardive durant laquelle la cuisine au beurre s’est grandement popularisée.
Ainsi, en se référant à la poterie exhumée de ce dépotoir, la présence de deux populations de milieux sociaux différents, régulièrement attestée pendant plus d’un millénaire, ne semble plus s’observer au 17e siècle.

La vaisselle de verre (JM)
La vaisselle de verre correspond à des formes de verres à pied classiques pour l'époque et tout à fait ordinaires ; même la jambe à "mufles de lion" a été produite avec un fondant potassique. Les contenants sont des fiasques à parois très fines et on note la première apparition des bouteilles en verre "noir" sur le site (Pl. 3K, Fig. 3).

Mobilier / équipement domestique (JM)
indique une occupation domestique telle que celles constatées jusque-là au château : éléments d'habillement, clés et barre de verrou. Les objets à connotation religieuse, chapelets et médaille, se distinguent du lot habituel des autres dépotoirs. Le nombre important de fragments de tuyaux de pipes, intégrés dans le groupe "objets personnels", déséquilibre fortement le profil graphique du dépotoir (Pl. 3K, Fig. 4).
Le fragment de pétard éclaté se démarque de cet inventaire. On peut également lui associer les traces de travail du cuivre ou de ses alliages sous forme de creusets, de nombreuses gouttelettes de fusion et d'objets manifestement récupérés et destinés à la refonte comme les monnaies. Cette activité est probablement liée aux travaux d'entretien du site sans qu'il soit possible de préciser la nature des objets ainsi obtenus.