Clair Marthe Démétrios

marthe.clair@univ-tours.fr

Directeur(s) de thèse: Lefeuvre Marie-Pierre

Vivre en habitat intermédiaire : un levier pour le maintien de l'autonomie décisionnelle ?

Doctorante

En co-direction avec Laurent Nowik

Résumé

A l’heure où le vieillissement démographique s’accélère en France, la prise en charge des personnes âgées devient une question politique et sociétale majeure. Cela se traduit par un ensemble de préoccupations concernant « le bien vieillir » dont l’une des pierres angulaires serait le maintien de l’autonomie, autonomie abordée principalement sous ses aspects déficitaires (en tant que « perte d’autonomie » notamment) et fonctionnels. Il s’agit donc de dissocier cette autonomie fonctionnelle et « exécutionnelle » de « l’autonomie décisionnelle » (Gzil, 2009), expression qui désigne la capacité à décider pour soi-même. Cette dimension de l’autonomie est cependant à envisager dans une perspective « relationnelle » (Ennuyer, 2013) puisque l’individu est considéré comme étant au centre de réseaux de sociabilité dans lesquels se tissent des relations d’interdépendance. Il est donc nécessaire de prendre en considération l’entourage et l’environnement global pour comprendre comment l’autonomie décisionnelle peut être fragilisée (Caradec, 2008). La question se pose notamment pour les personnes habitant en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) dont on suppose d’emblée le manque d’autonomie. L’autonomie décisionnelle devient alors un « mirage, c’est-à-dire une notion valorisante mais difficile, voire impossible, à appliquer » (Trépied, 2020). Contrairement aux EHPAD où les personnes sont supposément « dépendantes », les différentes formes d’habitat intermédiaire (Nowik, 2018) accueillent des « seniors » qui doivent attester de leur « autonomie ». Leur autonomie est, dès lors, supposée. Par ailleurs, l’une des missions majeures de ces formes d’habitats est la prévention et le retardement de la « perte d’autonomie ». On peut se demander dans quelle mesure elles y parviennent. Ce projet de thèse vise à saisir ce qui permet ou non de maintenir l’autonomie décisionnelle des personnes âgées qui vivent dans différentes formes d’habitat intermédiaire (résidences services, résidences autonomies, béguinages) cherchant à concilier vie personnelle et sociabilité via divers modes d’organisation de la vie collective. Il s’agira donc d’étudier la capacité des individus à mettre en adéquation leurs aspirations en termes de parcours résidentiel et d’usage de l’habitat intermédiaire avec leurs possibilités effectives d’action sur leur cadre de vie. Nous nous intéresserons aux incidences des différentes modalités d’accompagnement et aux différents dispositifs proposés pour maintenir l’autonomie décisionnelle des individus dans les diverses formes d’habitat intermédiaire que nous étudierons. Afin de répondre à ces interrogations, différentes modalités d’enquête allant de l’exploitation de questionnaires à de l’observation et à la réalisation d’entretiens qualitatifs seront mises en œuvre.