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Séminaire transversal CITERES
Séminaire transversal de l’UMR CITERES
21 octobre 2022Vendredi 21 octobre, 9h30-12-30, Université de Tours, Site Tanneurs, salle 5e BU
Depuis une vingtaine d’années, les collaborations entre chercheurs en sciences humaines et artistes se multiplient. Collaboration, recherche participative, démarche de recherche commune, recherche-création, rencontres ethno-artistiques, les formats étonnent par leur diversité et leur singularité. Ces recherches constituent des expériences riches qui ont en commun de bousculer les postures de recherche classiques, d’interroger les méthodologies, de poser un regard renouvelé sur les phénomènes sociaux. Elles sont aussi propices aux incertitudes, aux malentendus, aux divergences voire aux rendez-vous manqués. Elles posent enfin des questions méthodologiques et épistémologiques que ce séminaire souhaite explorer.
Quatre contributions sont prévues :
9h40 : Guillaume Etienne (Citeres-Cost) : "Questionner le quartier au prisme du sonore : le projet Échos d’âmes à Bourges"
Ma communication présentera un projet de recherche-création mené avec des artistes, compositeurs de musique électro-acoustique. Dans le projet « Échos d’âmes », des artistes ont souhaité collecter la parole d’habitants et usagers d’un quartier populaire en voie de réhabilitation et s’en servir comme support à une création musicale qui sera restituée lors d’un spectacle, co-construit avec les participants. Cette approche par l’art ou avec l’art entraine une méthodologie particulière mais aussi des modalités de restitution originales qui bousculent nos habitudes et invitent, entre autre, à redéfinir les rôles des acteurs de la recherche et notamment de l’ethnologue sur son terrain. Cette expérience est marquée par l’incertitude dont je voudrais souligner quelques aspects : incertitude du déroulement du projet, des rôles et places des acteurs impliqués dans la recherche et incertitude quant à ce qui est produit.
10.00 : Hélène Bertheleu : "Éprouver le quartier par la pluralité des expériences"
La ville, le quartier, le territoire sont en mutation. Dans l’espace public, l’artiste et le sociologue proposent des formes d’intervention différentes. Le travail présenté dans cette contribution est une expérience de collaboration avec un photographe, à partir de récits d’enquête mis en commun. La méthode consiste à multiplier les moments d’échanges et à partager des situations singulières durant deux ans. L’hypothèse que le travail artistique et les sciences humaines gagnent à se croiser, à se travailler mutuellement pour produire de la connaissance, n’a rien de nouveau et est déployée dans de nombreuses villes. Il s’agit de proposer un double regard, à la fois scientifique et artistique, une narration hybride d’un quartier ou d’une ville en mouvement, interrogeant ainsi l’homologie de deux démarches de recherche. Art contextuel et sociologie compréhensive font face ensemble aux limites des politiques verticales de rénovation urbaine, à la vulnérabilité des habitant.es, et à leurs « mobilisations minuscules ». Le « terrain » devient alors un espace d’engagement.
10.20-10.45 : Échanges avec la salle
PAUSE café
11.00 : Alexandra Clavé-Mercier : "Collaborations dans un projet art & recherche en quartier populaire : divergences et malentendus productifs"
A partir d’une expérience de collaboration avec des artistes dans un projet participatif mêlant art et recherche au sein d’un quartier populaire labellisé « prioritaire de la politique de la ville » à Angers, cette communication propose de revenir sur plusieurs divergences et malentendus résultant de ces collaborations qui ont jalonné le déroulement du projet. Je m’attarderai particulièrement sur les attentes des divers participants au projet, les approches et objectifs sous-jacents, les places et les postures des professionnels impliqués (artistes et chercheure) ainsi que des acteurs habitants, associatifs et institutionnels ayant participé au projet. Loin de le contraindre voire d’empêcher sa mise en œuvre, je montrerai que l’analyse de ces dissonances permet d’en mesurer la portée heuristique, dans la fécondité du projet original lui-même, mais aussi en ce qu’elles permettent de mieux saisir les enjeux de place et de légitimité en présence dans le quartier.
11.20 : Véronique Dassié : "Entre rencontre et collaboration ethno-artistiques : la recherche en question ?"
Les projets qui allient recherche et art se multiplient depuis les années 2000, ce qui au cours de ma propre carrière m’a conduit à échanger avec des artistes dans des contextes et à propos de projets très divers. A travers le retour sur huit rencontres ethno-artistiques dans lesquelles j’ai été impliquée depuis 2009, je reviendrai sur les raisons qui leurs ont préludé mais aussi sur leur devenir et leurs effets à plus long terme, leurs apports comme leurs limites. Aussi diverses soient ces expériences, un certain nombre d’invariants semblent en effet les encourager. Au-delà des affinités humaines, de la fécondité du penser ensemble qu’elles développent et des intentions qu’elles affichent, ces rencontres posent aussi des questions d’ordre épistémologique à propos des conditions socio-politiques contemporaines de production des savoirs en sciences humaines. Loin de se cantonner au registre de la médiation, elles soulèvent en effet la question du logocentrisme des sciences humaines, des désirs de transition qu’elles revendiquent et des dispositifs scéniques qu’elles reconfigurent.
11.40-12.30 : Échanges avec la salle