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Moreau Camille

« Les écovillages en France : Des formes d’habitats collectifs comme fabrique des communs »

par Muriel - 5 octobre 2021

Thèse débutée en 2021

Direction : Marie-Pierre LEFEUVRE Co-directrice : Héloïse NEZ

Résumé :

La thèse porte sur les écovillages français, conçus par leurs promoteurs comme des projets d’expérimentation de modes de vie alternatifs, qui s’incarnent dans des lieux de vie collectifs au sein d’espaces ruraux. Ce phénomène s’inscrit dans un mouvement plus large d’initiatives citoyennes liées à diverses formes alternatives d’habitat (« écolieux », squats, ZAD, etc.), au sein desquelles un groupe d’individus décide d’habiter un espace commun et d’y expérimenter d’autres manières de « faire société ». Les écovillages constituent ainsi une forme originale d’habitat participatif, qui reste peu étudiée en France contrairement à d’autres expériences qui se développent depuis le début des années 2000 en milieu urbain. Ils seront envisagés sociologiquement comme des lieux où se dessinent de nouvelles formes d’engagement, donnant lieu à la constitution de formes de « communs ». L’analyse des écovillages contribue ainsi à la réflexion, actuellement foisonnante, sur la notion de commun qui s’applique à deux pratiques à l’œuvre dans les milieux étudiés : l’une concerne la consommation des ressources pensées comme des « communs globaux », dans la perspective d’expérimenter des manières de vivre plus « soutenables » à l’échelle de la planète ; l’autre a trait à l’espace de l’habiter et aux formes originales de participation des habitants. Sur ces deux plans, les pratiques visent à réguler l’usage des biens communs par et pour la « communauté ». Les modes de vie singuliers expérimentés dans les écovillages proposent ainsi d’expérimenter des solutions politiques à des problèmes sociaux et environnementaux à l’échelle plus réduite de l’habitat, à travers les pratiques quotidiennes. Le point de départ de notre réflexion consiste à interroger la manière dont sont pensés et mis en pratique ces modes de vie qui se revendiquent comme alternatifs. Notre hypothèse est que les écovillages, parce qu’ils disposent d’une certaine autonomie, constituent des laboratoires d’expérimentations et d’innovations particulièrement intéressants à étudier d’un point de vue scientifique. En articulant des travaux de sociologie de l’habitat et de sociologie politique relatifs à la participation, cette recherche vise à contribuer à la réflexion sur l’articulation entre modes d’habiter et participation, en analysant la conception et la gestion du commun dans les écovillages français.

Cette thèse s’appuiera sur la réalisation d’un travail ethnographique long et immersif auprès de deux écovillages : le projet d’expérimentation d’un « écosystème coopératif » TERA dans la commune de Tournon d’Angenais (Lot-et-Garonne) et la « communauté de vie écologique » du Village de Pourgues (Ariège). Afin de refléter autant que possible la diversité des écovillages, il s’agit de mettre en perspective deux modèles qui se sont construits à partir de logiques opposées, en privilégiant la mise en place d’un modèle économique alternatif ou l’aspect démocratique du projet. Nous observerons tant les dispositifs formels (par exemple des assemblées) que la participation à la vie quotidienne, et réaliserons des entretiens approfondis avec les habitants afin de retracer l’histoire de ces expérimentations. Trois axes guideront notre recherche. Le premier interroge la définition matérielle et symbolique des communs au sein de ces lieux, soit le socle conceptuel et idéologique sur lequel se fondent les pratiques. On s’intéressera ainsi aux processus de création et d’évolution des projets étudiés, ainsi qu’à leurs structures sociale et spatiale. Le deuxième axe porte sur les modes d’organisation de ces communs en mettant en perspective la participation des habitants aux dispositifs formels et au déroulement de la vie quotidienne. Le troisième axe analyse les modes de diffusion et de circulation de ces expérimentations, en étudiant les pratiques dont s’inspirent les collectifs d’habitants et celles au travers desquelles ils cherchent à promouvoir leur expérimentation et à lui donner une portée plus générale.