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Réflexion sur l’aménagement des périphéries urbaines en Afrique subsaharienne à partir des exemples de Dakar et de Libreville
Les grandes villes d’Afrique noire, à l’instar de toutes les villes du tiers-monde, connaissent une crise urbaine profonde. Entre une croissance urbaine galopante et un étalement territorial non maîtrisé, ces agglomérations sont en même temps confrontées au problème de la structuration de leur tissu urbain. Mais tous les facteurs qui fondent la crise des armatures urbaines africaines, ne sauraient être analysés en dehors du contexte spécifique de ces pays, tant historique que politique, et socioéconomique. La construction de l’urbain en Afrique noire s’est faite par phases successives et incohérentes. De la colonisation européenne du XIX° siècle aux indépendances du XX° siècle, l’organisation des villes africaines était caractérisée par une ségrégation spatiale opposant « la ville des blancs » à « la ville indigène ». Au lendemain des indépendances, il a fallu aux dirigeants africains mettre en œuvre à la fois une gestion de l’héritage colonial et de nouvelles politiques urbaines. Près d’un demi-siècle plus tard, les villes d’Afrique noire présentent encore des paysages urbains contrastés, des infrastructures insuffisantes, des équipements défaillants. Toutes ces caractéristiques qui révèlent un certain déséquilibre dans la structuration et la construction du tissu urbain se retrouvent à différents endroits de la ville, créant ainsi des quartiers sous-équipés, presque oubliés au milieu ou à côté d’autres quartiers urbanisés et aménagés. Ces îlots urbains dans lesquels l’action publique est insuffisante voire inexistante, se situent aussi bien dans la ville qu’en marge des limites urbaines. La ville étant elle-même un objet difficile à définir, tant les villes diffèrent d’un contexte à un autre, la périphérie urbaine ne saurait avoir une définition universelle. Dans un contexte aussi particulier que l’Afrique noire, et au-delà de l’opposition classique centre-périphérie, il devient nécessaire de redéfinir et de caractériser la périphérie urbaine : Qu’est ce que la périphérie urbaine d’une ville d’Afrique noire ? Où se situe-t-elle ? Comment se caractérise-t-elle ? Au regard des dynamiques propres aux villes africaines, notamment la généralisation du secteur informel, le flou autour de la question foncière, et les incessantes crises politiques, l’organisation urbaine, aux limites bien approximatives, ne présente pas un schéma bien défini, opposant simplement le centre et la périphérie urbaine. La périphérie urbaine serait plutôt constituée par ces poches urbaines sous-équipées, marginalisées par l’action publique, que l’on retrouve à la fois dans « la ville-centre » et à la frontière du monde rural. Ces enclaves périphériques, dans lesquelles règnent l’informel et la coutume, constituent de véritables centralités secondaires, en termes de lieux d’échanges et de sociabilité. Telle est la conclusion principale de cette thèse qui s’attache à la définition des périphéries urbaines des villes négro-africaines, à partir du cas paradigmatique de Dakar.