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La production du fer entre le bas Moyen Âge et le début de l’époque Moderne dans les forêts du centre de la France
Thèse débutée en 2017
Le fer est un métal lié à la vie des populations anciennes, notamment entre le bas Moyen Âge et l’époque Moderne, périodes au cours desquelles de nouvelles méthodes d’exploitation se développent. L’étude de sa production sur un territoire permet notamment de comprendre les aspects sociaux, technologiques et économiques associés aux zones d’exploitation du fer.
Au cours de la production du fer, un certain nombre de déchet sont formés et abandonnés (scories, ferriers, …). Ce sont ces déchets que l’on peut encore retrouver de nos jours dans certaines forêts. L’observation macroscopique de ces vestiges peut nous apporter de nombreuses précisions sur leur fabrication et donc sur les techniques employées (bas-fourneaux, haut-fourneaux), mais également sur la spatialisation de l’espace utilisé. On peut ainsi montrer l’existence de divers pôles de production (extraction, réduction, forgeage) et leur articulation au cours du temps.
Cette thèse porte sur un contexte particulier très présent et important dans le centre de la France à cette époque, les massifs forestiers à travers les forêts de Chambord (Loir-et-Cher), de Châteauroux (Indre) et de Bommiers (Indre). Cela correspond à deux zones géographiques assez distantes mais ayant des profils similaires. En effet, elles présentent toutes de nombreux indices de production du fer, au moins depuis l’antiquité pour deux d’entre elles et jusqu’à la période moderne. A partir du Moyen Âge, elles furent toujours liées à de grands seigneurs et souvent même à la royauté. Le cas le plus flagrant étant Chambord qui fut intégré au domaine royal en 1498 lorsque son protecteur devient Louis XII de France. La construction de châteaux, durant toute la période qui nous intéresse, à proximité de ces forêts peut également être la cause de la présence avoisinante de matériaux de construction comme le bois et le fer. La production de fer étant l’une des richesses constantes de ces territoires, il sera intéressant de les étudier afin de comparer leur gestion de l’espace, leur développement technologique et d’observer un éventuel dialogue entre eux (échange de minerai, de technique). On cherchera également à comprendre les liens que ces sites entretenaient avec leur environnement notamment les cours d’eau, tels que l’Indre et le Cosson, ainsi que leur installation au sein même de forêts à une époque où il était plus facile d’importer le minerai jusqu’aux artisans plutôt que de faire venir le bois.
Pour ce faire, plusieurs textes traitant de la production au Moyen Âge seront étudiés ainsi que les documents relatifs aux privilèges et droits domaniaux, à la maitrise des eaux et forêts et de nombreux vestiges archéologiques observés dans ces forêts. Il s’agit, entre autres, d’un peu moins d’une centaine de ferriers à Bommiers, tout autant à Chambord et à Châteauroux, mais également de structures comme des fours de réduction ou des fosses d’extraction. Un proto haut-fourneaux jamais étudié est ainsi attesté aujourd’hui à Bommiers. Ainsi il sera intéressant de travailler dans la diachronie et de confronter les vestiges avec des sources iconographiques.
Cette thèse utilisera différentes méthodes qui se compléteront. Dans un premier temps, afin d’obtenir une vision topographique des sites qui nous intéressent les données obtenues par le projet SOLIDAR sur la forêt de Chambord seront utilisée et un enregistrement topographique des forêts de Châteauroux et de Bommiers sera réalisé. Des prospections seront également réalisées dans chaque forêts dans le but de collecter des vestiges caractéristiques de chaque site et d’en réaliser une étude macroscopique. Des relevés photographiques et des plans seront également réalisés pour les vestiges construits. Des sondages seront aussi réalisés en fonction des observations sur le terrain. En plus de nous apporter de nouvelles informations sur la spatialisation de l’artisanat, cela nous permettra de nous rendre compte des techniques utilisées. Finalement, des études physique et chimiques seront réalisées, telles que de la datation au carbone 14, afin de dater les ferriers et/ou les fours qui nous intéressent. D’autres, comme des analyses par microscopie électronique à balayage permettront d’obtenir des informations concernant la composition des déchets de production. On pourra ainsi comparer ceux de chaque site et ainsi observer d’éventuels liens entre ces populations vivant dans des milieux similaires mais sous des autorités différentes.