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Beurois Tom

« Epiceries sociales et formes d’engagement en milieu populaire : regards croisés sur le bénévolat associatif entre Tours, Bruxelles et Copenhague »

par Muriel - 6 décembre 2019

2019

Direction : Hélène Bertheleu, co-direction Héloïse Nez

Projet de thèse :

La politisation des milieux populaires est souvent pensée sous l’angle du désengagement ou du désintérêt pour le politique. Toutefois, un certain nombre de travaux montrent aujourd’hui qu’il est judicieux d’explorer des lieux considérés a priori comme non politiques, afin de mieux comprendre les formes de politisation ordinaires des milieux populaires (Pudal, 2011) comme cela est souvent le cas dans les associations (Eiiasoph, 1998). Appréhender finement le rapport au politique suppose aussi d’élargir la définition des mots« engagement »,« politisation » et « politique » (Hamidi, 2010) rapportés généralement au champ de la démocratie représentative partidaire (Gaxie, 1987). Ce modèle d’organisation politique peine aujourd’hui à garder la confiance des citoyens (Cohendet, 2014), notamment celle des milieux populaires (Braconnier, Dormagen, 2007). Ceux qui sont« parlés plus qu’ils ne parlent » pour reprendre l’expression de Pierre Bourdieu, investissent des associations de solidarité lorsqu’ils rencontrent des difficultés à répondre aux besoins fondamentaux de leur existence. L’investissement est ici à comprendre dans un double sens, tout d’abord en tant que bénéficiaire de ces structures mais aussi souvent en tant que bénévoles. Si l’on sait que l’engagement bénévole varie avec le niveau de diplôme, les revenus et le genre, certains espaces associatifs comptent néanmoins parmi leurs bénévoles des personnes à contrecourant de la tendance statistique (Archambaud, Tchernonog, 2012 ; Prouteau, Wolff, 2004, 2013) et qui participent à la vie« politique ». Le champ associatif et celui de l’économie sociale et solidaire ont déjà fait l’objet de recherches en sciences sociales (Simonet, 2016 ; Hély, Moulévrier, 2013 ; Hély, Simonet, 2013 ; Lazuech, 2006), tout comme celui de l’engagement militant (Olivier Fillieule, 2017 ; Sawicki,Siméant, 2009. Toutefois, peu de travaux se sont intéressés aux associations d’aide alimentaire et à leurs acteurs (Le Crom, Retière, 2018) sans doute du fait de leur dimension a priori peu politique. Ce projet propose de décrire les formes de participation et d’engagement bénévole des personnes précaires. Celles-ci sont peu connues et visibles dans les champs médiatique et politique. Quelle place l’engagement des personnes en situation de précarité trouve-t-il dans les associations de solidarité ? Peut-il y avoir des effets de politisation et à quoi les reconnaît-on ? La recherche explorera les formes de bénévolat, qu’elles soient individuelles ou collectives, plus ou moins territorialisées, à la lumière des transformations sociales qui les engendrent. Dans cette démarche, une attention particulière sera portée aux rapports de genre et ethno-raciaux afin de comprendre s’ils structurent ou non les formes d’engagement, mais aussi aux effets directs et indirects des politiques publiques. Une enquête qualitative approfondie d’organisations de solidarité à Tours et à Bruxelles (les épiceries sociales Sac à Malices et Amphora) ainsi qu’une association similaire à Copenhague permettra d’éclairer les logiques sociales à l’œuvre dans ces contextes urbains et nationaux distincts. Le dispositif méthodologique principalement fondé sur des observations et des entretiens semi-directifs sera pensé à l’intérieur d’une démarche comparative qui permettra d’une part de dégager les spécificités propres à chaque terrain, et d’autre part une mise en regard un à un, offrant l’opportunité de tester ainsi chaque hypothèse. Cette approche comparative européenne permettra de saisir l’impact des politiques publiques et leurs effets sur les formes d’engagement. Cette recherche contribuera plus largement à un ensemble de questions qui se posent aux sciences sociales depuis quelques années quant aux formes ordinaires de politisation des catégories populaires, à leur place dans la vie politique et aux modalités, peu visibles, de leurs prises de parole dans l’espace public.