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Acteurs, stratégies d’acteurs et enjeux du développement urbain : Le cas de trois quartiers populaires périphériques à Siliana (Tunisie du Nord-Ouest) : Essalah, Ennour et Ennozha
Thèse commencée en 2004
La recherche envisagée postule que l’internationalisation des économies et les effets de la mondialisation - déréglementation, privatisation, délocalisation - bouleversent en profondeur les formes et les mécanismes de l’urbanisation et les systèmes urbains et territoriaux dans les pays du Sud en général, dans ceux du Monde arabe en particulier. L’un des changements les plus notables concerne l’accélération de l’extension spatiale des villes (petites, moyennes ou grandes), un processus qui produit un étalement urbain d’une ampleur inconnue jusqu’alors, la constitution de périphéries de plus en plus lointaines et de plus en plus diversifiées, mais aussi la généralisation des mobilités, le renforcement des ségrégations socio-spatiales qui accentuent (ou du moins donnent l’impression d’accentuer) la fragmentation sociale et spatiale des entités urbaines, etc.
Notre travail s’inscrit dans un axe de recherche portant sur la fabrique et les pratiques de la ville. Il concerne une petite ville de la Tunisie intérieure, Siliana, située dans le Nord-Ouest relativement déshérité du pays. Dans cette ville, il cible trois quartiers périphériques, dits « populaires », crées hors des règles établies par le Code de l’Urbanisme tunisien. On se propose de s’intéresser aux acteurs qui ont produit ses quartiers, à leurs stratégies et aux compétences qu’ils ont mis en oeuvre ; mais aussi, et surtout, aux enjeux que représentent la régularisation ou la réhabilitation de ces quartiers, aux systèmes d’actions qui se nouent a cette occasion, aux conflits, alliances, négociations qui émergent lors des processus, généralement longs, qui conduisent de l’identification de ces quartiers par les responsables politiques et les techniciens de l’aménagement à la réalisation des projets d’aménagement préalablement définis.
L’objectif final de cette recherche est donc d’examiner et de comprendre comment se pose la question du développement urbain et celle, tout aussi fondamentale, de la formation-reconstitution des liens sociaux et de leurs inscriptions spatiales, d’un savoir être ou vivre ensemble, dans des sociétés en situation précaire. D’une manière plus générale, à une époque on les responsables des politiques urbaines en Tunisie évoquent systématiquement la « gouvernance urbaine », il s’agira pour nous de mettre à l’épreuve du cas de Siliana ce discours, pour savoir quelle réalité se cache derrière le mot : quelle place est-elle faite par l’État et ses représentants aux collectivités territoriales locales (municipalité, conseil régional) ? Quelle est la réalité des partenariats ? Comment s’ ?organise la prise de décisions ? Où se situent les négociations, dans quel contexte et à propos de quoi ? Quelle prise en compte des souhaits des résidents des quartiers est-elle vraiment assurée ?