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Lemaire Adeline

Le péché en terre de rédemption : crimes, déviances et sexualité dans l’Orient latin des XIIème et XIIIème siècles

par Muriel - 28 octobre 2013

2013

Direction : François-Olivier Touati

Financement : doctorant

Pour nombre de ses participants, les Croisades représentent pour le christianisme latin une opportunité inédite d’atteindre la purification spirituelle, le pardon des fautes passées ou bien l’indulgence plénière. Les populations chrétiennes, en forte attente eschatologique, souhaitent hâter la parousie par la conquête de Jérusalem et de la Terre Sainte. Pourtant de nombreux chroniqueurs et historiens des Croisades se font l’écho de comportements hors-normes, réprouvés par la morale chrétienne : des « péchés ».

Au delà des récits de sévices sexuels envers les populations locales ou des accusations ponctuelles de cannibalisme (dont la fréquence et la véracité restent à établir, ainsi que la finalité), mentionnées par les Arabes mais également relatées dans des lettres de Croisés à la papauté, le paradoxe rédemption-souillure atteint son comble non seulement par une sexualité hors-norme (polygamie, sodomie) mais surtout par la pratique quasi constante de la prostitution, attestée à grande échelle dès la 1ère Croisade. Pour le moins surprenant est la mention, dans les comptes royaux français de 1269-1270, d’un versement de gages à 13 000 prostituées lors de la 8ème Croisade, sous l’égide de Saint Louis ! C’est là poser la question des normes, des pratiques, et des origines d’une perception du « crime contre l’humanité ».

Une telle étude participe donc de la démystification des Croisades, engagée depuis une décennie. Ces éléments, dont le cadre et les épisodes sont à replacer et à analyser au regard des préceptes religieux et juridiques, permettront ainsi de mieux appréhender l’histoire et l’esprit des Croisades. Outre les aspects sociaux et anthropologiques de ces questions, il faudra déterminer les causes comportementales et surtout les conséquences, les degrés d’impact psychologique sur les Croisés comme sur leurs adversaires, le poids de ces exactions ou de ces comportements dans les décisions prises et sur le déroulement des Croisades, de même que les réactions et l’implication des autorités civiles, royales, ecclésiastiques, face aux « souillures » en Terre Sainte.

Le Proche-Orient des Croisades constitue t-il un contexte particulier, ou reproduit-il au contraire les attitudes constatées dans les sociétés médiévales européennes ? Dans quelle mesure, la pratique de sévices sexuels et du cannibalisme, participe-elle d’une possible stratégie de terreur ? La réaction des populations arabes, la comparaison avec les prescriptions musulmanes et les mesures édictées de part et d’autres seront à étudier.

Ce travail de recherches portera sur l’ensemble des Croisades, des dernières années du XIème jusqu’à la fin du XIIIème siècle, tant en Orient qu’en Europe. Il s’appuiera sur de nombreuses sources occidentales et orientales (Recueil des Historiens des Croisades, Jean de Joinville, Jacques de Vitry entre autres), chroniques, correspondances, livres de comptes, pénitentiels, sermons, décrets canoniques ou législation civile, actes de la pratique, parmi toute la documentation disponible.