CITERES


Partenaires

Logo CNRS
Logo Université François Rabelais



logo MSH Val de Loire
logo INRAP

Accueil du site > Doctorants > Freitas Katia

ipape

Freitas Katia

L’Évolution de la politique brésilienne d’aide technique et de vulgarisation agricole (PNATER) vers le référentiel agroécologique.

Thèse soutenue le 18 décembre 2008
Direction : Jean-Paul Carrière

La Politique Brésilienne d’Aide Technique et de Vulgarisation Agricole – PNATER, dont l’histoire remonte à la fin des années 1940, a eu à ses origines un référentiel de nature humaniste et assistentialiste, d’inspiration nord-américaine. A partir des années 1960, cette politique a changé dans le sens d’une intégration profonde, dans son référentiel, des idées diffusionnistes et productivistes à la base de la Révolution Verte. Dans ce cadre, les producteurs agricoles plus favorisés économiquement, perçus comme les plus aptes à l’adoption des technologies agricoles modernes, ont été les grands bénéficiaires des services publics d’Aide Technique et de Vulgarisation Agricole (ATER). Associée au crédit rural subsidié, à la recherche agricole et à l’enseignement en sciences agraires, en vue de constituer un système cohérent en faveur de la modernisation agricole, l’ATER conventionnelle a bien atteint son objectif de diffusion des paquets technologiques modernes auprès de son public prioritaire. Mais, à partir du milieu des années 1980, cette politique a connu une grande crise, qui trouve son origine dans plusieurs facteurs, notamment : 1) la crise budgétaire et de légitimité de l’État brésilien ; 2) la remise en cause du paradigme de la modernisation, en raison de la crise socio-environnentale qui lui est liée ; 3) la vague néo-libérale ; et 4) la montée en force du paradigme de la durabilité. D’où la réouverture officielle du débat sur la PNATER, devenu de plus en plus vif en raison de deux processus contradictoires : 1) le démantèlement progressif de l’appareil public d’ATER ; et 2) la reconnaissance, par l’Etat brésilien, du rôle crucial de l’agriculture familiale dans la construction du développement rural durable et, donc, du besoin de politiques d’appui à ce segment social. Ce débat a débouché, en 2004, sur l’institution de la « Nouvelle PNATER », dont le texte officiel indique un changement radical de l’ATER brésilienne vers la durabilité. Le caractère radical de ce changement réside notamment dans l’adoption de l’Agroécologie en tant que référent des services publics d’ATER. En effet, parmi les différentes approches présentes dans le débat sur l’agriculture durable, l’Agroécologie est celle qui propose la rupture plus radicale avec l’agriculture moderne. Elle est au demeurant loin d’être acceptée et reconnue par l’ensemble des protagonistes de ce débat. Dès lors, comment expliquer la victoire des défenseurs de l’Agroécologie dans le processus d’élaboration de la Nouvelle PNATER ? Telle est la question centrale à laquelle nous avons essayé d’apporter quelques éléments de réponse. Le processus de changement de la PNATER vers le référentiel agroécologique a été donc notre sujet de recherche, que nous avons étudié à partir d’une approche cognitive de l’Analyse de Politiques Publiques. Notre étude a montré que le débat général sur l’ATER est marqué par la présence de deux tendances principales, l’écotechnocratique et l’agroécologique, et que la première, dont les défenseurs sont également partisans de l’Intensification Verte, est prédominante. Mais, au Brésil, le courant agroécologique s’est renforcé à partir d’une l’alliance nouée entre des groupes aux intérêts majeurs divers, autour du projet d’une nouvelle ATER publique centrée sur l’agriculture familiale, d’abord dans une perspective générique de développement rural durable et, plus tardivement, agroécologique. Nous avons pu montrer également que la victoire de la coalition agroécologique n’a été possible que dans la mesure où, d’une part, le Ministère du Développement Agraire (MDA), étant chargé des politiques de soutien à l’agriculture familiale, s’est vu confier aussi la compétence de l’ATER. D’autre part, les postes clefs du MDA ont été occupés par des membres de ladite coalition, dans la mesure où cette dernière intègre le front politique qui a porté le Président Lula au pouvoir. L’appui de la FAO au projet porté par cette coalition, en cohérence avec la recette d’une « agriculture à deux vitesses », a également été décisif. Enfin, l’agriculture patronale étant a priori consensuellement exclue du public bénéficiaire de cette politique, ses représentants n’ont pas participé à son élaboration. Ceci a eu pour conséquence l’absence des défenseurs les plus puissants de l’approche écotechnocratique dans le processus de construction de la nouvelle politique. Quant à ceux qui ont participé à ce processus, ils ne disposaient que d’un pouvoir marginal de remise en question de l’hégémonie du courant agroécologique. De plus, nous avons vu qu’ils avaient des intérêts à souscrire à la perspective agroécologique de changement de la PNATER. Dès lors, on comprend bien que le nouveau référentiel de l’ATER publique brésilienne soit fortement marqué par les principes de l’Agroécologie. Mots-clés : changement de politique publique, aide technique, vulgarisation agricole, développement rural durable, agroécologie, agriculture familiale, Brésil.