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Séjourné Marion

Les politiques récentes de « traitement » des quartiers illégaux au Caire : Nouveaux enjeux et configuration du système d’acteurs ?

Thèse soutenue le 25 novembre 2006
Direction : Pierre Signoles

Mots-clés : Le Caire, Egypte, urbanisation illégale, régularisation foncière et immobilière, projets urbains, action publique, gouvernance, participation.

Pendant longtemps simples territoires urbains bâtis, mais non reconnus par les autorités, ayant juste fait l’objet pendant les années 1970-1980 de quelques opérations ponctuelles essentiellement soutenues et financées par les institutions internationales ou les agences d’aide au développement, les quartiers illégaux en général, et ceux du Caire en particulier, sont désormais au cœur de politiques et de projets de développement urbain. Ces projets visent à l’intégration physique et légale de ce type de quartiers et à l’inclusion sociale de leurs habitants, via la réhabilitation in situ et la régularisation foncière et immobilière. Depuis le début des années 1990, en effet, parce que les quartiers illégaux sont perçus par les autorités comme une menace pour la stabilité du régime et la paix sociale, en raison de la présence « supposée » de réseaux islamistes en leur sein, leur « traitement » est devenu une priorité dans l’agenda politique de l’État. On assiste alors à une profonde inflexion des politiques publiques vis-à-vis de ce type de quartiers. Mais cet intérêt « nouveau » que manifeste à leur égard l’État égyptien doit être replacé dans un contexte plus large, caractérisé par l’ampleur des pressions exogènes. Depuis plus de trois décennies, et particulièrement depuis les années 1990, les bailleurs de fonds, et principalement la Banque Mondiale, dont les constructions « intellectuelles » pèsent le plus sur la définition des politiques urbaines en matière d’habitat illégal, ont fait de la régularisation foncière et de la réhabilitation le point nodal de leurs politiques et interventions à l’intention des villes des pays en développement. Les « nouvelles » mesures de « traitement » de l’urbanisation sont donc au cœur de cette étude.

Notre thèse entend révéler comment ces objectifs et idéologies furent « négociés », « intériorisés », « adaptés » pour être « adoptés » avec plus ou moins de réel consentement par l’État égyptien. Elle s’attache à mettre en évidence, à travers l’analyse de la conception et de la mise en œuvre de deux projets de développement urbain ayant comme objectif la réhabilitation/régularisation, l’écart et la pluralité des appréciations selon les acteurs (institutionnels ou non) entre la « théorie » et l’action dans l’interaction. Elle cherche également à montrer combien les mesures et les projets que les pouvoirs publics égyptiens et les organisations internationales présentent comme relevant purement des politiques urbaines sont d’abord des instruments de la régulation politique et sociale.

Trois parties structurent cette thèse.

Dans la Première Partie, nous analysons la réalité et les dynamiques spatiale et démographique des quartiers illégaux du Grand Caire à la fin du XXème siècle, mais aussi les processus d’urbanisation et les acteurs (institutionnels et, surtout, « ordinaires ») impliqués dans la production de ce mode d’habitat majoritaire. Cette analyse de situation des quartiers non réglementaires nous permettra de saisir les enjeux qui sont au cœur des politiques récentes de réhabilitation/régularisation.

La Deuxième Partie s’intéresse aux politiques urbaines et à leur mise en œuvre dans les quartiers d’urbanisation illégale. Nous analysons les différentes politiques de l’habitat menées par les autorités au cours des années 1950-2000 – restituées à chaque fois dans leur contexte politique et économique, afin de rendre compte de leur inadéquation par rapport à la demande des populations défavorisées et pour montrer combien elles sont responsables, entre autres, de l’émergence et de la pérennisation des quartiers illégaux. Nous examinons ensuite les logiques et facteurs, à différents niveaux (local, national et international), qui ont conduit à placer, depuis les années 1990, la question du « traitement » des quartiers illégaux, au travers de la réhabilitation et de la régularisation foncière, au cœur des agendas politiques des pouvoirs publics égyptiens et de ceux des organisations financières internationales. Ceci nous permettra de mettre en perspective les projets de développement urbain en cours ou projetés que nous analysons dans la Partie suivante.

La Troisième Partie est consacrée à l’étude de deux projets de développement urbain au Caire : celui de la Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ) – Coopération Technique allemande – en partenariat avec le gouvernorat du Caire et celui proposé par l’Egyptian Center for Economic Studies et l’Institut of Liberty and Democracy. Nous mettrons en lumière les logiques et modes d’action, les stratégies des différents acteurs en jeu ainsi que les divers blocages et conflits auxquels les objectifs, en particulier celui concernant le volet de la régularisation foncière, se sont trouvés confrontés. L’examen du système d’acteurs permet de rendre compte de la neutralisation (du fait plus particulièrement des autorités centrales et des agents de l’administration) des objectifs énoncés par les programmes de développement urbain.

Publications :

• M. Séjourné (2006) : « Alexandrie dans le sillage du Caire ou métropole Méditerranéenne ? », in Douay N. et Jager J.-C. (dir.), Métropolisation en territoire méditerranéen, Economica, Collection « Villes », Paris, (à paraître). • M. Séjourné (2005) : « Les figures contradictoires de la privatisation de l’espace cairote », in S-A Souiah (Coord.), Villes Arabes en Mouvement, Groupe de Recherches sur le Maghreb et le Moyen-Orient (GREMAMO), Cahier n°18, Laboratoire SEDET-CNRS, Université Paris VII-Denis Diderot, Paris, Ed. l’Harmattan, pp. 195-210. • E. Denis, M. Séjourné (2003) : « Le Caire : métropole privatisée », in Revue Urbanisme n°328, janv.-Fev. 2003, pp 31-37. • M. Séjourné, M. El-Shorbagi, D. Sims (auteur principal) (2002) : UN-Habitat Global Report on Human Settlements 2003 : Slums and Poverty in City : Cairo City Report, Nairobi, 22 p. (plus annexes). • M. Séjourné (2002) : « Actualité d’une croissance métropolitaine qui ne fléchit pas. Premiers résultats issus de ISIS : Information System for Informal Settlements », in Lettre de l’Observatoire Urbain du Caire Contemporain (OUCC), version électronique n°3, pp 2-9. • E. Denis, M. Séjourné (2002) : Information System for Informal Settlements (ISIS) : First Assessment, Policy Discussion Paper, Participatory Urban Managment Programme, Egyptian Ministry of Planning, under GTZ-CEDEJ joint project, Le Caire, 50 p. (rapport non publié). • M. Séjourné (2001) : « Dossier de presse : les îles de Waraq et Dahab », in Lettre de l’Observatoire Urbain du Caire Contemporain (OUCC), Nouvelle Série, n°2, décembre, Le Caire, pp. 2-4. • M. Séjourné (2001) : « La légalisation de l’habitat informel à travers quelques projets pilotes », in Lettre de l’Observatoire Urbain du Caire Contemporain (OUCC), Nouvelle Série, n°1, décembre, Le Caire, 5 p. • M. Séjourné, D. Sims (auteur principal), (2000) : Residential Informality in Greater Cairo : Typologies, Representative Areas, Quantification, Valuation and Causal Factors », rapport produit pour l’Egyptian Center for Economic Studies (ECES, Le Caire), l’Institute for Liberty and Democracy (ILD, Lima) et l’US-AID, 69 p. (plus annexes), (rapport non publié mais les résultats sont synthétisés dans le rapport ILD, ECES, (2000) : Formalization of Egypt’s Urban Informal Real Estate Sector, Institutional Reengineering Stage, Situational Analysis, Cairo, 104 p. + annexes). • M. Séjourné (1997) : « Les mutations sociales et l’évolution urbaine d’Alexandrie et de son centre-ville », in Lettre d’Information de l’Observatoire Urbain du Caire Contemporain (OUCC), décembre, Le Caire, 3 p.

Conférences, rencontres scientifiques :

• Le Caire, mai 2001 : Organisation d’une table ronde au CEDEJ (Le Caire) sur le thème « Régularisation de l’habitat irrégulier, expériences Mexicaines, Indiennes, Jordanienne », communication : « l’habitat illégal dans la région du Grand Caire ». • Fayûm (Égypte), 13-19 décembre 2000 : Ecole Doctorale du réseau des Observatoires du Pourtour Méditerranéen sur le thème « Formes urbaines, dynamiques de projets des quartiers irréguliers en Méditerranée », organisée par le CEDEJ, communication : « Modes de représentations cartographiques des quartiers irréguliers en Égypte, politiques et discours ». • Tours, avril 2000 : Séminaire « Gouvernance et Territorialités », Université de Tours, communication : « La légalisation de l’habitat non réglementaire en Égypte : enjeux et stratégies d’acteurs ». • Hammamet, Novembre 1999 : Troisième Rencontre Tuniso-Française de Jeunes Chercheurs organisée par l’Université des Lettres, des Arts et des Sciences Humaines de Tunis et l’Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain (IRMC) sur le thème « Les données de la recherche et leurs usages », communication : « La régularisation de l’habitat irrégulier au Caire ». • Le Caire, juin 1999 : Séminaire de recherche du CEDEJ, communication : « Alexandrie : métropole égyptienne ou mégalopole méditerranéenne ? ». • Le Caire, Décembre 1998 : Séminaire de recherche du CEDEJ, communication : « La gestion urbaine et le pouvoir local, le cas d’Alexandrie ».