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De Souza Manuel

Religiosus ou les métamorphoses du « religieux » dans le monde romain, de la fin de la République à l’Empire chrétien (IIe siècle av. J.-C.-début du Ve siècle ap. J.-C.), Thèse, Université de Tours.

Thèse soutenue le 29 novembre 2001
Direction : Nancy Gauthier

L’étude des évolutions des sens et des usages du mot religiosus dans la longue durée permet d’appréhender une mutation majeure dans les conceptions et la fonction de ce qui est « religieux » dans la société romaine antique. En effet, on passe au cours de l’antiquité d’une signification archaïque, où religiosus est utilisé pour qualifier des choses sur lesquelles s’appliquent des interdits très forts et qui sont ainsi placées en marge de la société, à une conception déjà moderne, où ce qui est religieux est revendiqué, recherché et devient une valeur de la vie sociale et politique. L’histoire de cette révolution sémantique est menée à travers l’étude des sources latines, de la fin de la République au début de l’époque tardive. Le corpus documentaire comprend l’ensemble des sources païennes et un choix d’auteurs chrétiens qui réunissent la majorité des mentions tardives. À partir de l’analyse des occurrences de religiosus et de ses dérivés en fonction de la chronologie et de la nature de la documentation, il est possible de préciser certains aspects du processus de mutation. La thèse est structurée en deux grandes parties qui se succèdent chronologiquement et soulignent les principaux éléments de la métamorphose de ce qui est « religieux » dans l’Antiquité romaine.

Les significations les plus anciennes de religiosus ne peuvent être perçues qu’aux derniers siècles de la République dans un contexte de mutation accélérée de la société romaine. Les sources ne donnent un éclairage assez complet qu’à partir du Ier siècle av. J.-C., et religiosus est caractérisé par une forte polysémie qui témoigne d’une existence précoce du processus de transformation sémantique. Deux registres de significations et d’usages existent de façon concomitante, le premier dérivé du droit pontifical et le second, plus commun, en relation avec la dimension humaine du religieux. Le premier ensemble sémantique découle de la réflexion des pontifes sur la qualification des choses. Ce qui est religiosus est associé au sacré dans une même opposition au profane. Cependant, cette qualification distingue des choses qui mettent les hommes dans un rapport particulier, plutôt négatif avec les dieux. Ainsi, les actes religieux sont impies et interdits, les dies religiosi sont des jours où de nombreuses activités sont suspendues, les lieux et les choses religieuses sont nettement séparés du monde profane par vénération mais également crainte et scrupule. Ces conceptions connaissent des prolongements mais également des mutations que l’on peut suivre jusqu’à l’époque impériale. Les lieux mis à part, les autres catégories issues du droit pontifical connaissent des évolutions majeures que l’on peut rattacher à un processus global de valorisation du religieux, plus éclatant dans le deuxième registre sémantique.