Ce travail de topographie historique a deux objectifs. Le premier est de reprendre la question du groupe épiscopal de Poitiers depuis sa création jusqu’à la construction de la grande cathédrale gothique, située à une centaine de mètres du baptistère Saint-Jean. En mettant à plat les informations, notamment celles qui sont issues des fouilles archéologiques récentes du quartier de la cathédrale et des travaux menés sur le baptistère Saint-Jean depuis 1995, il s’agit de comprendre et de restituer ce que l’on peut percevoir de l’organisation et de l’évolution de ce complexe architectural. Une explication des raisons de son implantation dans le secteur est tentée à travers l’analyse et l’histoire du tissu urbain.

Le deuxième objectif est de voir si le quartier de la cathédrale, qui renvoie à une réalité patrimoniale contemporaine, a un fondement historique et, en ce cas, qu’elle est sa part dans la fabrication de la ville. L’historiographie locale a tenu pour une évidence la formation d’un secteur ecclésiastique autour du groupe épiscopal, alors que les sources ne mentionnent ni l’existence d’une ville épiscopale ni d’une seigneurie particulière. L’examen des informations, principalement religieuses à cause de la documentation, confirme l’existence d’un quartier à dominante ecclésiastique. Le rôle joué dans la formation de ce quartier spécifique, par l’implantation et le maintien du siège épiscopal, justifie l’appellation de quartier épiscopal. Cette institution a exercé à Poitiers un rôle de centralité urbaine forte jusqu’à la fin du Xe siècle. L’attraction sur le développement urbain s’est ensuite affaiblie, en raison des effets conjugués de l’émergence d’un nouveau pôle, la résidence comtale, et de la montée de nouveaux besoins socio-économiques auquel le quartier épiscopal n’a pu répondre. Le sens du développement urbain s’en est trouvé modifié, hésitant pendant un à deux siècles au moins, entre la confluence du Clain et de la Boivre et le sommet du plateau qui avait été délaissé à la suite de l’édification de l’enceinte du Bas-Empire.

Pour l’analyse du groupe épiscopal, comme celle du quartier, chaque édifice ou site a fait l’objet d’un examen approfondi des informations disponibles, et de nouvelles chronologies ont été établies chaque fois que cela était possible. Dépassant la simple analyse archéologique, l’analyse spatio-temporelle confronte les éléments constituants du groupe épiscopal, puis du quartier, pour comparer enfin le fonctionnement du quartier à celui de la ville.