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Production et consommation textiles à Tours aux XVe et XVIe siècles : approche archéologique
Financement : Contrat doctoral (bourse ministérielle)
La découverte à Tours de plus de six mille fragments de textiles dans la même fosse, à l’extérieur du rempart du 14e siècle qui longe la berge de la Loire (site 69 « place Anatole France »), a offert une occasion rare d’étudier le processus du travail textile dans son ensemble, de la production du fil et du tissu au rejet en passant par le vêtement et la fripe. Le comblement de cette fosse ne s’est pas étendu sur plus d’une saison et pourrait avoir été instantané en ce qui concerne les restes textiles.
La quasi-totalité des éléments examinés sont en drap de laine (6071 sur un total de 6373), grande industrie en Europe aux 15e – 16e siècles. Tout comme pour les soieries, moins bien conservées, l’étude s’est attachée à déterminer s’il s’agit de produits tourangeaux (la manufacture de soieries de Tours ayant précisément été fondée en 1472).
Le traitement des draps de laine, augmentant leur résistance, a permis l’observation des formes rejetées. Les plus courantes sont des lanières, des chutes de taille et des fragments de chausses. Quelques textiles sont des pièces de vêtements isolées (notamment deux bonnets complets).
Les traces de découpe indiquent le remploi du tissu de ces pièces vestimentaires dans le but de produire des lacets et chausses. La fréquence des traces de remploi des textiles incite à y voir des rejets d’un atelier de fripier ; celle des pièces de grandes dimensions (encore réutilisables) et de travaux en cours indiquent un changement d’activité de cet artisan.
Ce corpus et l’analyse de chartes concernant la ville de Tours donnent un aperçu de la vie quotidienne dans une capitale de la fin du Moyen Âge, où les habitants relativement fortunés sont vêtus de bon drap et, malgré l’interdiction, de vêtements et accessoires de soie.