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EMAM
« Economie et fabrique urbaine d’une extraterritorialité emblème du néolibéralisme Le cas de la zone économique spéciale d’Aqaba en Jordanie »
Thèse commencée en 2008, soutenue jeudi 16 décembre 2021
Financement : doctorant
Ce travail de recherche a pour principal objet une zone franche incarnant l’un des emblèmes des politiques publiques néolibérales mises en œuvre par le Royaume hachémite de Jordanie depuis la fin des années 1980. J’ai fait le choix de positionner cet objet de recherche au cœur des logiques et des effets territoriaux du néolibéralisme, en questionnant notamment cette zone franche à travers son caractère extraterritorial. Au sein de cette zone économique spéciale de 375 km², la notion d’extraterritorialité renvoie à différentes dimensions : institutionnelle, économique ou en matière d’aménagements urbains dont la conception, le fonctionnement et les richesses créées échapperaient au territoire hôte et à ses acteurs (gouvernance publique locale, habitants, etc.). La préfiguration de la zone économique spéciale d’Aqaba a induit par exemple le recul des dispositifs démocratiques locaux (suppression des élections municipales) et la dissolution de la municipalité,remplacée par de nouvelles structures de gouvernance technocratiques pensées et structurées depuis l’extérieur (par les consultants internationaux et le gouvernement central). Derrière ces différentes dimensions de l’extraterritorialité, je soumets l’hypothèse selon laquelle il existerait un paradoxe extraterritorial entre les processus de dépossession des ressources locales d’un côté et un ancrage fort du dispositif de zone franche de l’autre, au profit d’intérêts propres aux élites économiques et politiques influentes en Jordanie. Enfin, l’architecture et l’urbanisme des grands projets ne seraient pas seulement perçus comme les symboles du renouveau d’espaces marginalisés à Aqaba, ils sont mêmes devenus emblématiques de processus de marginalisations socio-spatiales.Je tente ainsi de rendre compte des effets socio-territoriaux causés par le développement de ces grands projets qui vont concerner le plus souvent les populations locales les plus fragilisées. En effet, la construction de plusieurs grands projets urbains a impliqué la démolition de certains quartiers historiques de la ville et le déguerpissement ou le déplacement contraint des habitants orientés vers des solutions de relogement en périphérie de la ville.