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L’émergence d’identités d’allergiques : apprehension de divers scenarii de leur construction et de leur imbrication dans les politiques de santé publique, de consommation et territoriales
Thèse commencée en 2005
Projet : Appréhender ce que pourraient être les identités plurielles des personnes porteuses d’allergies alimentaires. Appréhender les politiques sociales qui se construisent autour et/ou pour eux : politique de santé, protection de l’environnement, alimentation. Mettre en évidence les problèmes de temporalité entre les politiques publiques, les discours des acteurs institutionnels ou privés et ceux au nom desquels ils parlent ou prétendent parler.
Il faut valider l’existence de trois trajectoires identitaires :
1 - Une première qui se place dans la perspective de l’individu et qui relève d’une construction de soi dans une logique interactionnelle. C’est une trajectoire d’identité ressentie assortie de revendications justifiant de droits, encourageant la législation, interrogeant sur les modes de vie, voulant modifier l’espace urbain pour structurer des lieux protégés leur assurant l’accès à des produits spécifiques, notamment dans le domaine de l’incorporation (allergies alimentaires, respiratoires et de contact) ; 2 - La seconde qui correspond à la même perspective individuelle relève d’un sens contraire. Elle n’est plus centripète (construction, invention de soi), mais centrifuge. C’est une trajectoire d’identité déductive, des allergiques ne se pensant pas au sein de cette identité revendicatrice, mais se sentant de plus en plus stigmatisés voire instrumentalisés par des logiques externes qui aboutissent à l’émergence de nouveaux territoires. Les discours politiques prononcés au nom de la protection du consommateur vont poser le problème de la frontière entre l’identité ressentie comme telle et le regard d’inclusion malgré soi (identité déductive). 3 - Les Identités institutionnelles relèvent quant à elles plutôt d’une sociologie des organisations que d’une anthropo-sociologie de l’alimentation
L’appréhension des identités plurielles des allergiques passe par l’identification des typologies de ces constructions identitaires. Entre les extrémistes activistes dotés d’une volonté de puissance visant à modifier l’espace urbain, ses modes de production pour exiger qu’il s’adapte à leurs particularismes et ceux qui refusent leur réalité d’allergiques, s’étagent tous ceux qui composent avec cette réalité, revisitent leurs modes de vie de façon individuelle ou en s’appuyant sur des réseaux notamment associatifs et appréhendent désormais différemment les espaces urbains (milieu scolaire, restauration, lieux d’approvisionnement, univers médical…). Ils définissent ainsi leurs nouveaux territoires d’évolution quotidienne de façon dynamique.
Méthodologie : • bibliographie sur la représentation des maladies ; • entretiens semi-directifs avec des acteurs français (médecins dermatologues, pneumologues, allergologues, chercheurs, associations de patients, associations de consommateurs, associations d’industriels, d’artisans, opérateurs en restauration collective et commerciale, producteurs et distributeurs de produits dédiés, producteurs et distributeurs de produits non dédiés mais tenant compte des nouvelles réglementations, notamment en alimentaire, journalistes, fonctionnaires dans les administrations centrales concernées : santé, agriculture, consommation) ; • questionnaires auprès de quelques acteurs européens (associations de consommateurs, fonctionnaires impliqués dans l’évolution réglementaire) ; • entretiens non directifs et récits de vie avec des personnes allergiques et/ou intolérantes et/ou porteuses d’une autre restriction alimentaire (ex. : diabète) en prenant soin de disposer d’une variété d’origines culturelles et en se restreignant à un territoire donné ; • analyses de contenu (médias, discours d’acteurs).