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« Ce que fait une discipline universitaire à ses étudiant-e-s. Une enquête sur les schèmes de pensée d’étudiant-e-s dans trois disciplines contrastées : l’économie, la psychologie et la sociologie »
par
- 15 novembre 2019
Thèse débutée en 2019
Projet de thèse :
Cette thèse s’intéresse à ce que font les disciplines universitaires aux manières de penser de leurs étudiant.e.s. La socialisation au sein des études supérieures a peu fait l’objet d’analyses empiriques fines et localisées, à l’exception des classes préparatoires (Darmon, 2013) et des modalités du travail étudiant (Millet, 2000) et des formes de politisation à l’université (Michon, 2006). A partir du suivi d’étudiant.e.s en cours de formation dans trois disciplines contrastées, l’économie, la psychologie et la sociologie, ainsi que de l’interrogation d’anciens étudiant.e.s de ces formations, ce travail entend approcher les effets socialisateurs différenciés à l’œuvre au sein de ces filières d’études. Pour ce faire, la thèse aura recours au concept de« matrice disciplinaire » développé par Mathias Millet pour désigner des« univers constitués de pratiques et de connaissances disciplinaires, adossés à des technologies intellectuelles spécifiques » (Millet, 2000, 2013). Deux dimensions seront particulièrement étudiées dans le cadre de ce travail, en portant attention à articuler la socialisation universitaire avec les expériences antérieures et simultanées des étudiant.e.s (Lahire, 2010). La première renvoie à une approche en termes de socialisation politique (voir Bargel, Darmon, 2017). Dans la lignée des quelques travaux appréhendant de manière statistique la socialisation politique à l’école (Tournier, 1997) ou à l’université (Michon, 2008), il s’agit d’interroger ce que les disciplines d’études font aux visions politiques des étudiant.e.s. On portera particulièrement attention aux catégories qu’ils utilisent pour penser les phénomènes économiques, politiques et sociaux. Les trois disciplines étudiées entretiennent en effet un rapport différencié vis-à-vis de ces phénomènes : les économistes rédigent souvent des propositions qui permettraient d’améliorer les politiques économiques et les choix des agents, les psychologues se caractérisent par leurs visées thérapeutiques au niveau individuel, et les sociologues prétendent apporter des explications plus générales du monde social en prenant leurs distances avec les discours médiatiques ou politiques dominants. Dès lors, de quelle manière les cours dispensés peuvent-ils amener les étudiant.e.s à considérer sous de nouveaux angles ces phénomènes ? Quelles catégories issues de leurs enseignements mettent-ils en application pour penser le monde social ? La deuxième dimension de cette thèse renvoie à la manière dont les étudiant.e.s envisagent leur propre parcours. Autrement dit, ce travail s’intéressera à comment la formation suivie amène ou non l’étudiant.e à s’interroger sur son parcours personnel et à envisager d’une certaine manière son avenir, à la suite de travaux ayant souligné la manière dont différentes institutions, médicales (Darmon, 2003) ou politiques (Pennetier, Pudal, 2002 ; Charpenel, 2014), pouvaient influer sur le discours sur soi de leurs membres. On s’attachera dès lors à restituer les multiples« manières profanes de "parler de soi" » (Poliak, 2002), en cherchant dans quelle mesure les étudiant.e.s peuvent mobiliser, de manière plus ou moins explicite, des catégories de pensée, voire des savoirs, fruits de leur socialisation universitaire.