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Lepaon Thomas

Les thermes antiques de Gerasa (Jordanie) et la pratique du bain au Proche-Orient à l’époque romaine

Thèse soutenue le 15 juin 2012
Direction : Jacques Seigne

Financement : Contrat doctoral (bourse ministérielle)

Pendant longtemps, les complexes balnéaires du Proche-Orient en général, et de Jordanie en particulier, ont fait figure de parent pauvre de la recherche sur les établissements thermaux du monde romain. En effet, comme l’ont montré, involontairement, les dernières synthèses portant sur l’évolution de la pratique balnéaire, le manque de travaux récents et fiables sur cette région rend toute étude synthétique délicate. D’autre part, les nombreuses études réalisées depuis quelques années se limitent le plus souvent à de simples études de cas n’ayant pas d’ambition synthétique : elles se limitent à des cas isolés, géographiquement dispersés ou à une période déterminée, soit l’Antiquité, soit la période musulmane.

Le site de l’ancienne Gerasa de la Décapole, à lui seul, offre pour la première fois l’occasion d’étudier, à l’échelle d’une ville, l’évolution architecturale et l’évolution de la pratique balnéaire publique entre les 2e et 6e siècles de notre ère. Huit édifices thermaux sont aujourd’hui connus, des vastes « grands thermes de l’est » (25000 m²) construits au milieu du 2e siècle ap. J.-C. aux modestes « petits thermes de l’est » (370 m²) mis en place au milieu du 5e siècle puis rénovés un siècle plus tard. De plus, les nombreuses découvertes épigraphiques et statuaires, réalisées depuis plus d’un siècle, révèlent que si les édifices d’époque romaine furent érigés grâce à la générosité des évergètes de la cité antique, d’autres, tel que les « bains de Placcus », résultèrent probablement d’une demande des notables ecclésiastiques, autorité politique et religieuse de la ville byzantine. Certains de ces monuments, dont les ruines se dressent encore à plus de 12 mètres de hauteur, ont conservé tout ou partie de leurs aménagements architecturaux : la plus ancienne coupole sur pendentif encore en élévation connue au monde recouvre encore une des salles froides des « thermes de l’ouest ». Enfin, toujours dans le territoire de Gerasa, deux installations thermales se dressent à quelques kilomètres de la muraille byzantine. L’une, au nord, était construite au sein du site de Birketein composé d’un théâtre, un hypogée et des fameuses birkets, bassins à ciel ouvert alimenté par une source. Le site était connu, à l’époque byzantine, pour les fêtes des Maioumas qui s’y déroulaient. L’autre, à l’opposé de la ville, utilisait probablement l’eau d’une source chaude et pourrait avoir été installé à des fins thérapeutiques.

Soutenue en 2012, une thèse de doctorat visait à étudier le phénomène balnéaire dans une perspective d’histoire des mentalités au sein d’une seule cité. Fondé sur une approche archéologique et architecturale, ce travail avait pour premier objectif de proposer une synthèse diachronique de l’évolution des huit établissements de bains publics actuellement connus à Gérasa et de leur pratique au cours de l’histoire. La situation observée dans l’ancienne cité de la Décapole fut ensuite confrontée à la pratique thermale dans l’antiquité au Proche-Orient permettant ainsi d’en dégager les correspondances, les dissemblances et les caractéristiques propres au corpus de Gérasa. S’appuyant sur une méthodologie originale, cette étude souligne le rôle profondément hybride de ces établissements disposant naturellement d’installations permettant le nettoyage du corps mais également d’espaces spécifiques et indépendants pour lesquels les fonctions civiques, politiques et religieuses peuvent être supposées.

Mots clés : thermes, Jerash, Gérasa, urbanisme, Proche-Orient, période romaine et byzantine.