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Le réseau des prieurés de Marmoutier en Touraine au Moyen Âge et à l’époque moderne
Les prieurés bénédictins de Touraine, longtemps ignorés par les chercheurs, n’ont fait l’objet que de quelques études isolées ces dernières décennies. Les objectifs de ce projet doctoral sont d’une part, de restituer le réseau des prieurés de Marmoutier en Touraine, d’autre part, d’étudier l’organisation topographique et l’architecture de quelques établissements caractéristiques.
La première partie de cette étude s’appuiera sur les actes de donation des Xe-XIIIe siècles, les pouillés, le registre des visites des prieurés de l’abbaye de Marmoutier et sur d’autres documents conservés aux Archives Départementales d’Indre-et-Loire ; la consultation de tous les actes antérieurs à 1200 sera effectuée grâce au répertoire topo-sources Anjou-Touraine établi par Elisabeth Zadora-Rio. Cette recherche s’étend aussi aux sources modernes et contemporaines, textuelles et planimétriques, très utiles à la reconstitution morphologique et topographique.
Il s’agit d’étudier la genèse de l’implantation, la chronologie de fondation, et les fonctions de ces dépendances aux XIe-XIIIe siècles, sachant qu’actuellement huit chercheurs dénombrent de quinze à vingt-trois établissements. Ainsi vingt-trois sites seront étudiés.
Tout d’abord, l’origine de ces sites sera dégagée. L’implantation peut se faire sur un site vierge comme sur un site déjà occupé (ancien établissement religieux, villa, site de miracle, etc.).
Les fonctions des prieurés, notamment paroissiales, seront examinées sans oublier les relations entre le prieuré et son environnement : le bourg (castral ou ecclésial) et/ou le château. La dépendance et les liaisons avec l’abbaye-mère seront vérifiées bien qu’il soit déjà établi que celles-ci se traduisaient par un compte-rendu annuel ou biannuel lors des chapitres généraux. A cette époque, la désignation du responsable du prieuré se faisait par l’abbé.
Les revenus du prieuré seront aussi mis en évidence sachant qu’ils pouvaient aller de la ressource simple (l’exploitation agricole), à la redevance relevant du droit seigneurial (prieuré élevé en fief) ou du droit paroissial (prieuré élevé en paroisse dit au XVIIe siècle « prieuré-cure »).
A la lumière de ces premières recherches, sera dégagée l’organisation des prieurés à l’échelle des paroisses (prieurés au siège de paroisse ou non, avec son église propre ou non). La relation prieuré/paroisse sera recoupée avec l’étude d’Elisabeth Zadora-Rio sur la mise en place des églises rurales et la formation du réseau paroissial accessible dans l’atlas archéologique de Touraine numérique (AAT).
La deuxième partie de cette recherche consistera en l’étude approfondie de quelques établissements les mieux documentés sur le plan topographique et architectural ; la méthode de travail employée croisera les sources de manière diachronique et multiscalaire.
La première démarche sera l’approfondissement de l’implantation de ces prieurés dans le terroir. Il s’agit de mettre en évidence l’emprise topographique du domaine foncier d’un prieuré, des origines à sa destruction. Trois types de sources seront utilisés : les fonds d’archives textuelles médiévales et modernes ; les données planimétriques et iconographiques et en particulier les plans terriers et les levées des fiefs du XVIII e siècle qui indiquent souvent la fonction des bâtiments et l’affectation des terres ; enfin, les sources archéologiques.
La deuxième étape sera de relever les édifices anciens et d’analyser leur organisation interne. L’objectif est de comprendre la hiérarchisation des espaces, sacrés et profanes, mais aussi d’identifier l’affectation des vestiges. Pour cette partie de l’étude, des relevés du bâti seront exécutés au moyen d’un scanner 3D, par photogrammétrie ou encore avec un tachéomètre laser. Le traitement des données s’effectuera avec des outils informatiques adaptés à l’archéologie et aux études spatiales : base de données, système d’information géographique, modélisation 3D, selon les méthodes développées au Laboratoire Archéologie et Territoires (LAT) avec les moyens de l’atelier numérique de la Maison des Sciences de l’Homme Val de Loire.
La troisième étape sera de dégager la chronologie des constructions du Xe au XIIIe siècle et au-delà, par recoupement de la bibliographie avec les vestiges conservés et avec les relevés archéologiques. Les méthodes constructives employées seront aussi utilisées pour la datation.
Enfin, la quatrième étape sera la restitution chronologique des extensions, réductions, destructions et modifications des bâtiments à l’échelle du domaine prieural.
Cette thèse complétera, à l’échelle de la Touraine, deux programmes en cours, à savoir le programme de recherche sur Marmoutier, dirigé par Elisabeth Lorans et Thomas Creissen, et la thèse de Thomas Pouyet sur les monastères bénédictins de Touraine et en particulier Cormery. Elle s’inscrit aussi dans les objectifs de l’atlas archéologique de Touraine, qu’elle pourra compléter.
En outre, ce sujet de thèse contribuera à la mise en valeur et à la protection de ces ensembles, peu connus, peu lisibles et parfois menacés.