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Crozet Aude

La fabrique du paysage, de la forêt de Boulogne au parc de Chambord

Thèse soutenue le 28 avril 2021
Direction : Xavier Rodier

Financement : Contrat doctoral (bourse cofinancée par la Région Centre-Val de Loire et le Domaine national de Chambord).

Le milieu forestier intéresse l’archéologue à deux titres : il y voit la possibilité de mener des analyses environnementales pour dater des structures antérieures à la forêt ; il s’interroge sur traces laissées par les pratiques liées à l’exploitation forestière. Mais la spécificité du milieu forestier est encore trop rarement prise en compte en archéologie.

La forêt domaniale de Boulogne et le parc de Chambord constituent un laboratoire privilégié en réunissant deux conditions particulières. Premièrement, il s’agit de deux forêts issues d’un même massif coupé en deux au milieu du XVIIe siècle. Leurs paysages respectifs ont dès lors évolué séparément. En découlent, deuxièmement, des conditions écologiques actuelles très différentes, décrites par les forestiers au travers des données stationnelles. A Chambord, ces données sont uniques et offrent une description très précise du milieu.

Cette thèse retrace tout d’abord les trajectoires paysagères de ces deux forêts-sœurs depuis la fin du Moyen-Âge jusqu’à la fin du XIXe siècle à partir des sources écrites, planimétriques, des données archéologiques issues de la prospection pédestre et d’un relevé LiDAR (Light Detection And Ranging). Elle se propose aussi d’expérimenter l’utilité des données stationnelles issues de la gestion forestière dans l’analyse de la répartition de charbonnières détectées en grand nombre dans le parc et la forêt.

Les données LiDAR obtenues dans le cadre du projet SOLiDAR constituent la source principale et originale de cette thèse. Ces données informatiques seront complétées par une démarche archéologique de vérification sur le terrain (observation, prélèvements éventuels voire sondages) pour confirmer la présence de structures anthropiques. La réflexion sera fondée sur le croisement des sources concernant les quatre forêts : sources archéologiques, textuelles, planimétriques. En outre, les échanges avec les gestionnaires des forêts apporteront des connaissances pratiques sur l’environnement forestier. Enfin les deux apports théorique et pratique seront croisés, à l’aide d’un système d’information géographique (SIG), afin de déterminer les articulations entre patrimoine naturel et patrimoine culturel. Les résultats ont permis de valoriser les vestiges redécouverts d’une canardière dans le parc de Chambord.

La démarche archéologique s’ouvre au milieu forestier, son écosystème et sa gestion, d’une part pour proposer une nouvelle approche de l’histoire des dynamiques spatiales forestières, d’autre part pour renouveler le regard des archéologues sur ce contexte particulier.

Cette thèse s’appuie sur le projet SOLiDAR, soutenu par la Région Centre-Val de Loire, le Domaine national de Chambord et la DRAC, au sein duquel les compétences réunies permettront d’établir les collaborations nécessaires. Elle s’inscrit, comme le projet, dans le programme du Laboratoire Archéologie et Territoires (LAT) de l’UMR 7324 CITERES, à la fois dans l’axe 1 « Villes et territoires », thème 3 « Dynamiques des paysages et réseaux » et dans la thématique transversale 3 « Archéomatique ». Enfin, cette thèse vient enrichir la dynamique Intelligence des patrimoines en répondant à des enjeux scientifiques et patrimoniaux d’actualité. Une meilleure connaissance des patrimoines naturel et anthropique dans les forêts concernées, peu connus, peu lisibles et parfois menacés, permettrait d’améliorer la mise en valeur, la protection et l’intégration de ces ensembles au sein des projets d’aménagement du territoire ainsi que leur valorisation touristique grâce à l’exploitation des données numériques par les technologies de l’information et de la communication.