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La formation du sol urbain : étude archéologique des terres noires à Tours (4e-12e siècle)
Cette étude s’inscrit dans le courant des études archéologiques et géoarchéologiques qui, depuis une trentaine d’années en Europe du Nord-Ouest, ont permis de renouveler une partie des connaissances sur la ville du haut Moyen Âge par l’analyse des terres noires urbaines. Encore trop peu considérées aujourd’hui, ces dernières représentent pourtant une archive de l’histoire des villes d’origine antique. L’étude présente un intérêt méthodologique et analytique. Elle propose une méthode d’acquisition et de traitement des données spécifique aux stratifications archéologiques en contexte historique. L’expérience a été menée sur cinq sites archéologiques à Tours (Indre-et-Loire), en considérant la composition sédimentaire, grossière et fine, des dépôts mis au jour. Cette analyse repose sur le postulat que les traces des activités humaines sont enregistrées dans la composition sédimentaire des couches archéologiques. Par l’application des principes de formation des stratifications, développés initialement par les préhistoriens et les géologues, l’étude permet de caractériser les usages anthropiques à l’origine de ces séquences urbaines, après avoir mis en place un référentiel fonctionnel de couches archéologiques fondé sur des critères discriminants. À l’échelle du site, les séquences de terres noires étudiées témoignent d’activités spécifiques et variées : ont ainsi été mis en lumière des parcelles cultivées, des zones d’habitat et de rejets domestiques, des espaces extérieurs occupés ou encore des activités de récupération de matériaux de construction. Les résultats montrent que ces séquences, en apparence non stratifiées, ont été produites par des activités humaines diversifiées, que les processus post-dépositionnels ont le plus souvent oblitérées. À l’échelle de la ville, les terres noires attestent les changements progressifs qui affectent les rapports des habitants à la ville. Ainsi cette étude, intégrée aux recherches urbaines développées depuis les années 1990, contribue à la reconnaissance de nouvelles pratiques sociales de l’espace urbain à partir du Bas-Empire, témoignant de nouveaux modes d’occuper, d’habiter, de construire.