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Naegelin Isabelle

« La catégorisation ’quartier populaire, sensible, prioritaire’ comme facteur d’assignation politique »

par Muriel - 5 novembre 2021

Thèse débutée en 2021

Direction : Alain Thalineau et Nicolas Oppenchaim

Résumé du projet

Lorsque nous étudions les quartiers prioritaires de la ville, nous ne pouvons pas d’emblée rejeter les caractéristiques qui y sont associées en terme de pauvreté, de désengagement des habitants des associations de quartier, et ce de façon concomitante avec l’augmentation de l’abstention, ce qui laisse à penser ces lieux comme « vide politique ». Une brève sociohistoire de l’un de ces quartiers, celui de La Source à Orléans, nous permet effectivement d !apercevoir ces caractéristiques qui tenteraient à confirmer l’idée d’un « désert politique » (disparition des espaces publics et clôture de certains espaces, augmentation significative de l’abstention, vieillissement des acteurs associatifs…). Cela étant, nous ne pouvons isoler ce qui fut analysé comme « forme d !action collective et politique » (Lapeyronnie 2006), que sont les émeutes qui marqueront le quartier en novembre 2005. Néanmoins, cet événement a disparu du discours comme s’il y avait un déni de l’histoire récente et que chaque période, celle de la rénovation urbaine notamment, venait remplacer la précédente qualifiant le quartier de désert politique.

L’objet de cette thèse sera de mettre en question ce constat en supposant avec D. Merklen que dans les quartiers catégorisés prioritaires, la dimension politique n !a pas disparu mais qu !elle est « indétectable, il est vrai, avec les concepts privilégiés jusque-là » (Merklen, 2014). Il s’agira d’étudier ces quartiers comme espace politique, déterminé comme à la fois objet des politiques publiques mais aussi scènes où les acteurs que sont les habitants et les institutions interagissent, prennent position et produisent par là-même un système de croyances, un espace politique. Il faudra nous déplacer dans le quotidien des habitants, dans l !infra-ordinaire (Perec, 1989), l !infra politique (Scott, 2006) pour appréhender la « signification politique des situations vécues » (Lapeyronnie, 2006). Sur le quartier de la Source, nous chercherons à saisir cette "scène commune de parole et d’action »(Tassin 2013) dans deux espaces distincts, l’un étant marqué par la résidentialisation (îlots entourés de grilles et accès par digicodes...) et l’autre ayant l’empreinte des politiques urbaines antérieures (la Dalle, une tour de 13 étages). Cette dimension, par les actions qui s’y déroulent et par son caractère scénographique, les mue « en espaces pour l’action » (I.Joseph 1998).

Il s’agira alors de prendre au sérieux les acteurs, en ayant « comme objet, l’analyse des opérations critiques qu’ils réalisent » (Boltanski, 1990). C’est également dans cette démarche que nous analyserons plus précisément ce que l’abstention met en jeu lorsqu’elle devient enjeu pour les élus locaux, les bureaux de votes se révélant alors comme scène de disputes.

La démarche sera ethnographique (entretiens et observations au sein des deux terrains) et elle se complètera par une analyse des reconfigurations des acteurs associatifs intervenant sur ces espaces.