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IPAPE
Conservation Environnementale des Sols des espaces verts de l’Agglomération Tourangelle (CESAT)
MEEDDM, Prog. GESSOL
Présentation :
Face aux phénomènes d’urbanisation et de périurbanisation croissants, la recherche qui, jusque-là, s’était concentrée principalement sur les sols agricoles, viticoles, forestiers commence désormais à traiter les sols des espaces urbains, lesquels constituent également des milieux complexes, évolutifs, vivants, très hétérogènes, pour lesquels il importe de mieux connaître leur fonctionnement.
Les travaux de recherche menés jusqu’à présent ainsi que le contexte particulier des espaces verts nous amène à engager une recherche consacrée aux sols urbains supports d’espaces verts (publics et privés). Elle implique la mise en œuvre d’une démarche pluridisciplinaire liée à la diversité de leurs fonctions, de leurs fonctionnements, de leurs usages et de leur gestion (CLERGEAU, 2007). Dans cette perspective, il est utile de croiser le regard de spécialistes des sols (pédologues, biologistes, agronomes...) avec celui des géographes, aménageurs, sociologues, juristes… Aussi, CESAT s’est structuré autour de plusieurs méthodes combinées au bénéfice de cette recherche :
L’analyse paysagère Elle a couplé une approche de l’espace vert dans son contexte (lien avec le grand paysage, la trame verte et bleue) avec une analyse plus détaillée qui intègre différentes composantes de l’espace vert (milieu biotique et abiotique, aménagement, histoire et gestion). Ceci afin de disposer d’éléments pour analyser l’évolution des espaces verts et évaluer les qualités paysagères et de cadre de vie.
La biodiversité entomofaune comme indicateurs de la durabilité.
La première étape a consisté en l’élaboration d’un inventaire des pratiques des jardiniers au sein de chaque parc. Le questionnaire a permis de déterminer une fiche d’analyse des qualités potentielles des sols et de la biodiversité en arthropodes (parmi les plus importants, on trouve le travail du sol, l’utilisation de pesticides, le type de gestion …etc.).
La seconde étape de cette tâche a été l’étude des arthropodes (= insectes + araignées en ce qui concerne cette étude). En effet ceux-ci sont d’excellents indicateurs de biodiversité et sont globalement assez faciles à piéger.
Analyse des services rendus à la société par les sols
La méthodologie consiste en enquêtes ethnosociologiques de terrain :
Observations répétées des espaces des parcs et jardins de l’échantillon. Les différents usages et les publics associés ont été inventoriés en périodes estivale, hivernale et intersaison et ont fait l’objet de prises de vue photographiques dont une partie a été mobilisée pour illustrer l’analyse. Les règlements (horaires d’ouverture, restriction de circulation…) ; les éléments de signalisation et de communication ont été répertoriés et mis en perspective avec les pratiques réelles.
Entretiens qualitatifs informels auprès des usagers des parcs et jardins de l’échantillon. La technique de l’entretien informel est la plus adaptée pour aborder le thème du sol, qui reste un impensé pour les usagers. Une cinquantaine d’entretiens d’environ 15-20 minutes ont été menés.
Entretiens qualitatifs approfondis auprès des propriétaires, gestionnaires et techniciens en charge de l’entretien des espaces verts concernés. Les analyses portent sur 14 entretiens dont la moitié concerne des propriétaires et gestionnaires des parcs et jardins.
Analyse de la population de micromammifères
Nous avons réalisé une série de capture de micromammifères dans les espaces verts. A cause de la nature publique des sites observés, les pièges utilisés n’ont pu être posés en lignes régulières. Les cages ont été disposées selon des transects qui s’adaptent à l’architecture interne des espaces verts (pose de cages dans des ilots de verdures peu accessibles ou peu fréquentés par le public), mais aussi camoufler les pièges pour limiter le risque de vol.
Les résultats obtenus
Nous avons ainsi pu définir deux grandes catégories de jardins :
Les jardins à vocation ornementale : l’espace est maîtrisé, domestiqué, la composition végétale est travaillée en fonction de critères esthétiques. L’effort est donc concentré sur le contrôle des plantes et le sol est essentiellement pris en compte dans sa relation avec celles-ci. Il apparait alors comme un substrat qu’il convient de faire varier au regard du végétal qui viendra s’y implanter.
Les jardins à vocation « naturelle » : ils incarnent les évolutions en cours avec le développement de milieu « plus naturels », moins standardisés. Les compositions végétales sont travaillées en fonction de la relation sol/plante/climat. Le sol commence à être considéré sous l’angle de la ressource, et pas seulement comme un facteur limitant.
Les propositions d’actions :
CESAT propose d’intégrer la gestion des sols-supports des espaces verts dans une stratégie globale de gestion des espaces naturels à l’échelle d’une aire urbaine.
CESAT recommande aux collectivités et particuliers, gestionnaires d’un espace naturel dans une aire urbaine, de s’appuyer sur de nouvelles pratiques sans pour autant remettre en cause les savoirs et savoir-faire des professionnels des parcs et jardins.
CESAT envisage s’assimiler les sols-supports des espaces verts à un véritable service public. Sur la base d’analyses très fines du sol à la fois élément naturel vulnérable, mais aussi support de services écosystémiques. Il est indispensable de qualifier la biodiversité comme une valeur structurant des représentations et des pratiques adaptées aux enjeux et exigences du développement durable. Le sol constitue donc une valeur proposée à des individus qui entretiendront avec lui une relation de nature service-public-usagers.
CESAT propose de déterminer dans un règlement d’urbanisme communal une valeur d’équilibre fondée sur la temporalité de la constructibilité pour prendre en compte à la fois la valeur agronomique et la valeur constructible du sol.
Mots clés : Sol, espaces verts, biodiversité, paysage, milieu urbain, acteurs, indicateurs, réglementation, usages, représentations