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MARGES

Métamorphose des sociétés « Inégalité - Inégalités »

Contrat débuté en 2013, achevé en 2016
(coord. : Nora Semmoud)

Le projet MARGES porte sur les inégalités socio-spatiales et s’inscrit dans le troisième axe thématique du programme INEG : « Espaces et lieux des inégalités ». Au cours de ces dernières décennies, les différentes formes d’inégalités sociales (revenus, emploi, éducation, santé, environnement, accès aux services, au logement, etc.) se sont davantage inscrites et cristallisées dans l’espace, devenu l’une de leurs expressions la plus manifeste. Robert Castel en 1995 avait déjà souligné le déplacement de la question sociale vers la question urbaine. Le territoire et le lieu de résidence en particulier révèlent une exacerbation et un renouvellement des formes de ségrégations socio-spatiales, analysées par des chercheurs sur le Nord, comme des tendances à la « sécession urbaine » (Donzelot, Jaillet 2001) et, sur le Sud, comme relevant de fragmentation urbaine (Navez-Bouchanine, 2006). Dans tous les cas, les inégalités socio-spatiales actuelles suscitent l’inquiétude quant à une « guerre sociale de faible intensité » (Davis, 2003) et sont à l’origine de débats sur la dégradation de la cohésion sociale et sur comment « vivre ensemble » et « faire société ».

La mondialisation actuelle, en plaçant les villes et leurs territoires au coeur des compétitions économiques internationales et de la division internationale du travail, en a fait les lieux par excellence des nouvelles formes d’échanges et d’accumulation du capital (tourisme, patrimoine, éco-urbanisme, etc.). Elles connaissent alors des reconfigurations territoriales témoignant d’une aggravation des processus de marginalisation socio-spatiale qui accentuent le caractère de marge d’espaces résidentiels ou le développent sur d’autres. La crise actuelle exacerbe sans doute ces processus et en permet un éclairage particulièrement aiguisé. Dans cette recherche fondamentale, l’objectif est d’analyser les rapports subtils entre, les processus de marginalisation portés par les pratiques et les représentations des acteurs urbains dominants de l’aménagement des villes, leurs politiques de traitement des marges urbaines et les stratégies d’intégration urbaine et de résistances des populations. Placer la focale sur les marges urbaines, c’est saisir comment l’adaptation de la ville aux besoins actuels de l’économie néolibérale redessine les lignes de fracture socio-spatiale en reconquérant des territoires marginalisés et en marginalisant de nouveaux et, dans tous les cas, en mettant à mal le droit à la ville de nombreuses populations.

Les représentations de stigmatisation, comme les mots qui les accompagnent, portent simultanément sur un espace urbain et ses habitants, « en leur assignant une identité comme concentrée en un vocable » (Depaule, 2006). Conçus ainsi, la marge urbaine ou la marge sociospatiale, ou encore le territoire marginalisé, recouvrent une population et son espace de vie désignés et représentés comme tels par les acteurs dominants. Située là où les pratiques et les représentations de stigmatisation ont construit historiquement son enclavement symbolique, la marge urbaine peut se trouver dans les centres, les péricentres et dans les périphéries. Socialement parlant, contrairement à la pensée hiérarchisante et globalisante de la stigmatisation, les marges urbaines abritent des populations diverses allant des plus pauvres aux couches sociales aux revenus moyens. Autrement dit, les marges urbaines sont des lieux mis à l’écart par les représentations et les pratiques des acteurs dominants ; des lieux qui peuvent correspondre à des situations plus ou moins stabilisées d’intégration ou d’exclusion sociales. Les marges urbaines, considérées ici comme révélatrices du fonctionnement sociétal et politique plus général, ont du sens par rapport à la capacité intégratrice et/ou exclusive de la ville.

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Présentation du projet MARGES