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Mus-Jelidi Charlotte
La fabrication des villes nouvelles sous le Protectorat français au Maroc.
Le paysage urbain marocain a été profondément remodelé durant la quarantaine d’années qu’a duré le Protectorat français. Les témoins les plus visibles de ces métamorphoses sont les villes nouvelles créées à proximité des médinas, et destiné initialement à l’installation des colons européens. La fascination exercée par ces villes, paradigmes de la modernité, produisit et fut alimentée en retour, par la publication d’un grand nombre d’écrits. Mais le charisme de Louis Hubert Lyautey, porteur du projet urbain, le poids de la propagande coloniale, la passion émanant du caractère politique des aménagements, et surtout l’état des sources ont fait émerger une vision lacunaire du processus d’urbanisation, présenté comme rapide et centralisé. L’analyse des archives administratives du protectorat, confrontée au terrain et au discours officiel, autorise à amorcer une relecture des interprétations qui ont été élaborées sur la fabrication de ces villes, le plus souvent à partir des sources françaises, et en privilégiant la phase de planification. Les archives témoignent en effet de la ville en gestation, elles rendent compte de la complexité du processus d’urbanisation, mettant au jour l’action des différents acteurs, l’administration centrale, les municipalités, ou encore la population, y compris les Marocains qui ont pris part à la fabrication des villes, comme main d’oeuvre ou comme propriétaires. Elles nous offrent l’opportunité de ne pas nous intéresser seulement à La ville européenne en tant que schéma urbain, mais Aux villes européennes, objets issus d’une même matrice, mais chacune ayant été modelée par des conjonctures économiques, politiques, sociales - qui leur sont propres -, ainsi que par une population, et parfois une organisation municipale spécifiques.