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Riquier Sandrine

La céramique de l’oppidum de Cenabum et la cité Carnute aux IIe et Ier s. av. J.-C., aspects typo-chronologiques et culturels.

Thèse soutenue le 2 avril 2008
Direction : Olivier Büchsenschütz

L’étude examine les origines de la ville d’Orléans, oppidum carnute de Cenabum décrit par César dans la Guerre des Gaules, emporion évoqué par Strabon. Fondée sur l’examen de la documentation archéologique acquise ces vingt dernières années, elle s’attache à examiner les aspects typo-chronologiques, culturels et socio-économiques. Le premier objectif était de fournir, pour un secteur vierge de toute synthèse, un référentiel typo-chronologique des céramiques pour les 2e et 1er siècle av. J.-C. La chronologie a été établie en s’appuyant sur des ensembles issus de contextes stratifiés, en comparaison avec les nombreuses importations d’origine méditerranéenne et gauloise, propres à fournir de précieux repères en matière de datation. La sélection du corpus a porté sur 55 ensembles, totalisant 24 764 tessons, appartenant à un minimum de 2 509 vases, soit environ un tiers du mobilier disponible sur le site d’Orléans. Les parures contribuent, malgré leurs faibles effectifs, à affiner cette sériation. Au sein de ce corpus, dix horizons chronologiques ont pu être définis, depuis La Tène C2 jusqu’à l’époque augusto-tibérienne. La documentation disponible reste cependant faible pour la fin de la période traitée. L’étude s’attache aussi à examiner l’évolution morphologique des vases, par catégorie de production, en soulignant les diverses influences perceptibles, tant d’origine gauloise (essentiellement des productions du nord du Massif Central), que méditerranéenne. Les céramiques ont dans un deuxième temps été classées par type fonctionnel, afin de suivre l’évolution des répertoires et des usages de table. Ainsi, on constate que les mobiliers locaux sont influencés par les mobiliers importés dès La Tène D1a ancienne, soit à une période antérieure au développement du grand commerce. Lors de la conquête césarienne, la brusque apparition de mobiliers typés, associés à de l’armement, accentue encore ce processus d’acculturation. Les informations d’ordre socio-économiques et culturelles induites par les mobiliers sont ensuite confrontées aux données textuelles connues pour le site de Cenabum. Trois périodes principales peuvent être distinguées. Alors que les prémices de cette occupation remontent à La Tène C1, dès La Tène C2 le site prend une réelle ampleur et son emprise peut être estimée à 20/25 ha. Il semble dès lors présenter une structure agglomérée, selon une trame qui reste mal définie. La fin du 2e et le début du 1er siècle av. J.-C. se distinguent par la convergence de divers éléments (construction d’un pont, production monétaire), qui traduit l’affirmation d’un centre de pouvoir politique, dont le rayonnement reste néanmoins local. Son développement semble par ailleurs indépendant de celui des autres sites du territoire. On peut s’interroger sur le rôle économique tenu par cet oppidum, dans la mesure où il concentre les richesses et les importations, sans paraître les redistribuer. La situation semble basculer, vers le milieu du 1er siècle av. J.-C., probablement à la suite de la destruction partielle de la ville par les légions en 52 av. J.-C., ceci en représailles du massacre des negociatores romains. Si les effectifs de la seconde moitié du 1er siècle av. J.-C. apparaissent effectivement moins nombreux ; jusqu’à la fin de la guerre des Gaules, la ville constitue un point de ravitaillement des légions, ce qui est corroboré dans le mobilier par l’apparition des militaria. Au lendemain de la Conquête, les réseaux commerciaux restent inchangés, mais on constate une distribution nettement plus large des mobiliers céramiques importées qui ne restent plus cantonnés à ce seul oppidum. Ceci reflète une diffusion élargie dans lequel Cenabum ne constitue désormais plus le seul point de consommation. Le réseau commercial est organisé à une échelle plus large et orchestré selon un modèle fondé sur une logique plus économique que politique. La ville semble dès lors remplir le rôle d’un port de commerce, un point de rupture de charge, chargé de la redistribution des marchandises transitant par la Loire. Les données mobilières concernant la période augustéenne restent cependant mal documentées pour appréhender cette nouvelle évolution. En parallèle, les données céramologiques de Cenabum sont confrontées à celles d’autres sites du territoire carnute et notamment à l’agglomération de Saumeray (Eure-et-Loir), dont les capacités économiques semblent, au regard de son artisanat, importantes. Sur ce site, on constate des décalages chronologiques dans la durée d’utilisation des mobiliers régionaux par rapport à la chronologie définie pour le site d’Orléans et la quasi absence d’importations (mis à part les amphores vinaires) ou d’influences externes dans les répertoires de la zone domestique, contrairement au secteur cultuel. Ce phénomène dépasse donc le cadre purement chronologique ou socio-économique et semble s’inscrire dans un carcan culturel traditionnaliste. Enfin, la distribution de certaines formes céramiques issues du répertoire local est mise en parallèle avec les pratiques funéraires et les distributions monétaires. Elles mettent en évidence, comme les données céramiques, l’absence de perméabilité entre la partie nord, influencée par le Bassin Parisien et caractérisée par une forte concentration de sanctuaires, et la partie sud du territoire, tournée vers le centre de la Gaule, et permettent d’entrevoir deux zones culturellement distinctes au sein de ce territoire.