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Ben Moussa Esmahen

Les formes architecturales et urbaines en Tunisie, considérées sous l’angle de l’évolution de la profession d’architecte en situation coloniale (1860-1956)

Thèse commencée en 2007

Direction : Jean-Baptiste Minnaert

L’architecture coloniale restituée dans son contexte historique, permet de repérer la transformation et la migration des formes entre la Métropole et la Colonie. Aujourd’hui se pencher sur la question de l’histoire de l’architecture et des formes urbaines de la période coloniale nous permet de retracer les circonstances historiques, politiques, sociales, culturelles et économiques dans lesquelles s’inscrit notre champ disciplinaire.

Notre étude à pour terrain les trois villes de Tunis capitale politique, Sfax ville portuaire et centre économique du sud tunisien ainsi que Bizerte base militaire géostratégique. Nos objets d’étude se définissent par des typologies architecturales qui leur sont propres, des transferts architecturaux et des échanges doctrinaux grâce auxquels l’objet urbain ne puise plus sa valeur dans sa forme isolée mais dans ses interdépendances, dans sa transversalité et dans son inscription dans le temps et dans l’espace. Par ailleurs, la confrontation du discours théorique et réglementaire avec la réalité des édifices nous permet de saisir les rapports entre les idéaux intellectuels et esthétiques avec la dimension opérationnelle du métier de l’architecte et avec les entraves du contexte local qui exerce une influence notoire sur les choix projectuels, stylistiques et constructifs de ce dernier. il s’agit d’une volonté d’étudier la circulation des principes urbanistiques et architecturaux en analysant la formation de réseaux professionnels qui ont façonné le paysage de la ville et l’élaboration complexe d’un cadre juridique qui les réglemente.

Nous envisageons notre thèse en continuité avec le travail entrepris durant l’année de master 2 qui portait sur les dynamiques de transfert et d’interaction des espaces coloniaux et métropolitains en matière d’architecture et d’urbanisme dans la ville de Tunis. Nous avons pu nous rendre compte à quel point les notions de transfert des savoir-faire architecturaux et la transférabilité des techniques constructives sont alimentées par la circulation des professionnels, par la fluidité des échanges multi-directionnels entre la métropole et la colonie et entre les colonies, par les représentations que l’on se fait de la ville et enfin par les contextes institutionnels, intellectuels et éditoriaux qui les déterminent et surtout les scènes locales qui jouent un rôle essentiel de « filtrage », de « déformation » et de « recombinaison ». Il s’ensuit que la notion de transfert doit être saisie dans sa complexité idéelle et matérielle et dans sa polyvalence puisqu’elle soulève des phénomènes d’acculturation et d’interdépendance ayant contribué à la formation de la pensée et la pratique urbaine et architecturale et engage des formes évidentes de négociation lors de sa mise en application.

Notre recherche se veut une étude des dynamiques de diffusion et de transferts des modèles architecturaux d’essence européenne en Tunisie durant la période coloniale. Une étude de ce type se situe, nécessairement, au carrefour de plusieurs disciplines : histoire de l’art, histoire, géographie, sociologie…Nous tenons, toutefois à préciser qu’ayant suivi une formation d’Histoire de l’art, nous focaliserons notre attention sur l’histoire de l’architecture et de l’urbanisme. Pensée sous une triple démarche de documentation, d’analyse et d’interprétation, notre étude nous amène à dégager l’ensemble des réseaux qui sont impliqués dans le processus de création de la ville, et les mécanismes de transferts et de diffusion des modèles architecturaux européens. C’est à ces formes urbaines et architecturales que nous nous proposons de nous intéresser en suivant l’histoire, l’émergence et l’évolution de la profession d’architecte en situation coloniale, tout en s’attachant à faire jaillir, à partir de cette lecture, les temps forts du développement de ce domaine professionnel.

Notre travail s’inscrit au croisement des écrits évoquant un large débat autour de la thématique de ville coloniale dans ses différentes facettes idéologiques et programmatiques. Ces recherches évoluent de plus en plus vers une remise en cause des schémas épistémologiques antérieurs et un positionnement explicite du côté d’une réévaluation du rôle des sources locales longtemps ignorées dans l’analyse et la compréhension du fait colonial. Toutefois, la Tunisie reste, de ce point de vue, un champ d’investigation très étendu et encore peu exploité. Nous traçons ici le chemin méthodologique que nous suivons. Tout d’abord, nous mobilisons un ensemble de sources théoriques ayant traité de prés ou de loin la problématique soulevée. Pour comprendre le processus de transfert des modèles architecturaux. Les écrits d’Antony H. King, Hélène Vacher, Mercedes Volait, Gwendolyn Wright, Zeynep Cylik, Paul Rabinoff, Nabila Oulebsir, Jean Louis Cohen, Christophe Giudice, Eric Verdeil et beaucoup d’autres présentent notre substrat théorique.

Ce travail est réfléchi dans le but de repérer et de confronter les différentes conditions de production. Aussi, de réfléchir sur les conditions d’une historiographie confrontée à l’indigence relative des sources, et en particulier des sources archivistiques. Nous proposons, par un ensemble d’enquêtes à mener dans les fonds archivistiques en Tunisie, d’identifier la variété de ces configurations archivistiques et à en établir les processus de formalisation. Mais aussi à comprendre la place tenue par ces archives dans le renseignement sur l’activité et le mode de fonctionnement des institutions qui les produisent. Nous chercherons, enfin, à questionner le rapport de ces sources avec la réalité institutionnelle et sociale dont elles sont issues et à préciser la nature et les limites de ce dont elles témoignent.