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LAT
(coord. P. Husi, LAT et J. Gaucher, EFEO)
Le programme sur la céramique d’Angkor Thom est né d’une collaboration initiée depuis 2009 entre le Laboratoire Archéologie Territoires (P. Husi) et la Mission archéologique française à Angkor Thom-(MAFA) de l’Ecole Française d’Extrême Orient dirigée par J. Gaucher (EFEO).
Cette collaboration est à l’origine du projet ANR ModAThom (2017-2023).
Ce programme, participe totalement de la deuxième phase de recherches que s’est donnée la MAFA et dont l’objectif central est désormais la recherche des grandes évolutions de la capitale khmère, Angkor Thom. Cette collaboration s’articule autour d’un objectif double : 1) de recherche ; 2) de formation.
L’objectif scientifique consiste à construire en parallèle à la chronologie des formes urbaines déterminantes de la ville, un nouveau savoir sur sa topographie sociale au travers d’une étude exhaustive du mobilier archéologique et tout particulièrement de la céramique qui représente la majorité des artefacts exhumés. Cette collaboration scientifique entre le Laboratoire Archéologie Territoires et la Mission archéologique française à Angkor Thom et l’Ecole Française d’Extrême Orient (EFEO) se double d’un programme de formation d’étudiants cambodgiens aux méthodes d’analyse de grandes quantités de mobilier archéologique. Ce projet a aussi pour objectif d’asseoir une collaboration à plus long terme entre le Laboratoire Archéologie et Territoires, dont une des thématiques principales est la ville, et l’Ecole Française d’Extrême Orient au Cambodge, dont la fouille de la ville d’Angkor Thom constitue l’un des axes de recherche majeurs.
Le programme sur la céramique d’Angkor Thom a déjà permis de construire un corpus de données suffisant pour, d’une part élaborer une première chrono-typologie de la céramique khmère et d’autre part mieux cerner l’évolution du système d’enceinte de la ville entre le 9e et le 15e s. Ce corpus s’est construit à partir de la céramique de trois fouilles sur les 70 fouilles ou observations à notre disposition. Ce choix permettait déjà de mieux comprendre les transformations de l’enceinte, avec des séquences stratigraphiques fines et quelques éléments datés, permettant de se positionner dans le temps calendaire, toujours difficile à appréhender. Ces premières données, étudiées de manière systématique, servent à l’établissement des répertoires typologiques, qu’il faudra bien évidemment compléter dans les années à venir par l’analyse du mobilier des nombreux autres sites de la ville. Ces répertoires hiérarchisés, donc ouverts, car sans contrainte d’intégration de nouveaux types, comprennent actuellement : 166 formes de récipients ; 51 productions céramiques (groupes techniques) répartis en 19 catégories ; 22 registres décoratifs. De cette première étape, il est déjà possible de proposer quatre faciès de la céramique khmère, qui rythment l’évolution du système d’enceinte d’Angkor Thom et ses abords entre le 9e et le 15e s. Outre l’élaboration du modèle chronologique de la ville, l’autre objectif de cette recherche est bien de participer à une meilleure de la connaissance de la céramique khmère.
Cette collaboration voit également l’aboutissement d’une première étape de son volet formation. Outre son intérêt purement scientifique, ce programme comprend en effet également un volet formation, qui s’est finalisé en 2013 par la venue à l’Université de Tours de Kannitha Lim dans le cadre d’un Master d’archéologie, sous la direction de P. Husi et le tutorat de J. Gaucher. Cette année d’étude, comme boursière du gouvernement français (BGF), a permis Kannitha Lim de valoriser son travail dans le cadre d’un diplôme universitaire français.
Les premiers résultats de cette collaboration sont à l’origine de la soumission d’une proposition de projet à quatre ans au titre de l’ANR PRC 2016 sur une thématique plus large nommée ModAThom pour « Modèle explicatif de la fabrique urbaine d’Angkor Thom : archéologie d’une ville capitale disparue » (porteur P. Husi). Ce projet a pour objectif de proposer, par l’archéologie, une autre image d’Angkor Thom. Sa représentation actuelle, réduite aux temples et à l’enceinte, ne permettant pas de percevoir l’entité urbaine. Il s’agit, notamment par la remise en cause de la chronologie existante, de construire un modèle explicatif de formation et de transformation de l’espace urbain, en tant que processus socio-spatial, des conditions de sa naissance à son abandon. Cette recherche basée sur l’étude de sources matérielles volumineuses impose une approche interdisciplinaire et le développement d’outils technologiques (Bases de données, SIG et Webmapping). Elle intègre notamment la démarche méthodologique de modélisation archéo-statistique (programme CeraR) développée pour une ville moyenne de l’occident médiéval (Tours) qu’il s’agira d’adapter à une ville asiatique de cette ampleur.