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IPAPE

Huyghe Marie

Habiter les territoires ruraux - Comprendre les dynamiques spatiales et sociales à l’œuvre, évaluer les perspectives d’évolution des pratiques de mobilité des ménages

Thèse soutenue le 16 novembre 2015
Direction : Serge Thibault

Résumé

« Le rural n’existe plus », résument dès les années 1990 des chercheurs au regard des phénomènes d’urbanisation généralisée des territoires, d’« assimilation des modes de vie, entre ville et campagne » ou d’homogénéisation socio-spatiale entre milieux urbain et rural, au regard de la fin des paysans et des spécificités sociologique, politique ou économique des campagnes.

Pourtant, le « rural » est encore bien présent : dans les discours politiques, qui parlent « d’hyper-ruralité en souffrance » ou de « nouvelles ruralités, territoires d’avenir » ; dans les représentations des ménages, dans leurs désirs de campagne ou de retour au local. Pourtant, c’est bien de « rural » qu’il est fait mention dans la littérature scientifique actuelle, consacrée au renouveau démographique des campagnes, aux relations urbain/rural, ou à la recomposition du monde agricole.

Qu’est-ce que le rural aujourd’hui ? Quelles sont les dynamiques spatiales et sociales à l’oeuvre, quels sont les modes d’habiter qui les caractérisent ? A partir d’une approche qualitative, compréhensive et inductive basée sur des entretiens semi-directifs menés avec 75 ménages ruraux habitant en Indre-et-Loire, la recherche analyse dans un premier temps les déterminants permettant de comprendre les pratiques spatiales, les relations sociales ou les formes d’appartenance territoriale des ménages. Cette recherche met en évidence l’existence de modes d’habiter ruraux qui font territoire ; des modes d’habiter marqués par l’influence du territoire, selon qu’il s’agit de rural polarisé par une aire urbaine ou de rural plus isolé, et par celle du profil des ménages, en particulier de leur ancienneté dans le territoire et de leur « dessein » lors de leur installation.

Dans un second temps, la thèse aborde la question de l’évolution du dynamisme démographique et économique des territoires ruraux, dans un contexte de durcissement annoncé des conditions de mobilité des ménages. Les modes d’habiter des ménages ruraux vont en effet être potentiellement perturbés par trois enjeux majeurs : une raréfaction progressive des énergies fossiles ; la diffusion d’impératifs de développement durable ; des politiques publiques (Grenelle II en particulier) qui tendent à encourager le développement des seuls espaces desservis par une offre de transport collectif, au détriment des territoires totalement dépendants de la voiture. A partir d’une expérience de recherche-action menée avec une vingtaine de ménages du rural polarisé, la recherche s’intéresse aux marges de manoeuvre des populations rurales, au potentiel d’évolution de leurs pratiques de mobilité vers des pratiques moins dépendantes de la voiture. Cette recherche met en évidence le rôle du levier « accompagnement personnalisé » et propose un protocole d’accompagnement basé sur trois phases de conscientisation, motivation et aide à l’expérimentation. Enfin, la thèse se propose d’apporter des éléments prescriptifs en faveur de politiques globales de mobilité.