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Fournier Zara

Géographie des lieux de mémoire du Sud du Liban (1978-2018). Du fantomatique au fantasmatique

par Muriel - 11 septembre 2014

Thèse soutenue le 5 juillet 2019
Direction : Anna Madoeuf

Cette thèse propose une géographie des lieux de mémoire du Sud du Liban entre 1978 et 2018. Cette région a été marquée par une occupation militaire israélienne (1978-2000) et est soumise à une hégémonie politique, partagée concurremment entre deux partis politiques chiites, le Hezbollah et le mouvement Amal. Dans un contexte de faiblesse de l’État, ces partis font du Sud un étendard de la Résistance. À partir d’une enquête qualitative, la recherche fait dialoguer des modalités de spatialisation des traces mémorielles à l’issue de l’occupation israélienne. Les mises en mémoire de l’ancienne prison de Khiyâm et du château de Shaqîf-Beaufort participent de la production de lieux institués, objets de processus visibles et institutionnalisés. Tenaces, les lieux de mémoire hérités de l’occupation israélienne, conceptualisés sous la notion de lieux-fantômes, désignent, quant à eux, les lieux hantés par les traces de passés conflictuels. Par ailleurs, une nébuleuse d’acteurs mémoriels mineurs (artistes et militants notamment), dont certains sont invisibilisés, développe une stratégie de production d’images territoriales, qui projettent une certaine représentation du passé et du patrimoine fantasmés du Sud du Liban et celle d’un espace-temps potentiel. Malgré des conditions de visibilité différenciées et des mises en scène concurrentielles, tous ces lieux, signes et objets de mémoire, dans leur pluralité, contribuent à la construction du Sud comme une métonymie. Au sein de cet espace de croyances, les lieux de mémoire constituent une arène dans laquelle chaque acteur tente d’imposer des pratiques, des imaginaires, des valeurs et des normes fantasmés, inscrits dans un registre d’appropriation, de légitimation et de reconnaissance.

Mots-clés  : Sud du Liban, lieux de mémoire, lieux-fantômes, traces, images, résistance, patrimoine, post-conflit, occupation israélienne.

Geography of places of memory of South Lebanon (1978-2018). From ghostly to fantasy.

This thesis investigates a geography spanning places of memory in South Lebanon, from 1978 to 2018. This region was occupied by the Israeli army between 1978 and 2000 and has been characterized ever since by a political hegemony split between Hezbollah and the Amal movement. In a background marked by a weak state, both these Shia political parties mobilized the South as a stronghold for resistance. This qualitative research identifies mechanisms of spatializing the memory traces after the Israeli occupation. The two case studies of ‘Khiyâm former prison’ and ‘Shaqîf-Beaufort castle’ exemplify this category, where the established places of memory are those which are the result of visible and institutionalized processes. On the other hand, the tenacious and persistent places of memory are conceptualized by the concept of ghost-places. It designates the places that are haunted by the traces of conflictual pasts. Furthermore, multiple minor memory actors (among which artists and activists) produce territorial images, which project a fantasized version of memory and heritage in South Lebanon, and also represent a desired image of the South. Despite their competitive aspects, all these places, signs and objects of memory contribute to the construction of the South as a metonymy. Within this space of beliefs, memory places are considered as an arena in which every actor tries to impose his own uses, values, norms and imagery ; all of which inscribe themselves in a register of legitimization and recognition.

Key words : South Lebanon, places of memory, ghost places, traces, images, resistance, heritage, post-conflict, Israeli occupation.