CITERES


Partenaires

Logo CNRS
Logo Université François Rabelais



logo MSH Val de Loire
logo INRAP

Accueil du site > Doctorants > Audas Nathalie

ipape

Audas Nathalie

La dynamique affective envers les lieux urbains : la place des temporalités individuelles et urbaines.

Thèse soutenue le 10 décembre 2011
Direction : Denis Martouzet

Les réflexions urbanistiques actuelles portent un intérêt de plus en plus marqué au rapport sensible que développent les habitants et, plus généralement les usagers de la ville envers celle-ci. Sont ainsi questionnés ici les liens des individus envers les différents lieux urbains qu’ils habitent dans leurs dimensions sensorielle, poétique, émotionnelle et affective. Notre problématique est centrée sur la place des caractéristiques temporelles inhérentes aux individus et aux lieux dans l’intention de comprendre leurs rôles, leurs influences dans l’évolution d’un rapport affectif au lieu, nous inscrivant dans la lignée de récents travaux de recherche ayant pointé l’importance de la dimension temporelle dans les mécanismes de construction qui président à l’établissement de relations affectives de l’individu envers son environnement. L’objectif de la présente recherche est de mettre en évidence les dynamiques du rapport affectif à partir des paramètres temporels propres aux individus (avancée dans l’âge et ancienneté de la connaissance des lieux) et aux lieux (évolutions historique et urbaine, dynamiques quotidiennes). En partant de l’hypothèse générale qu’il existe des liens entre les configurations temporelles des lieux et les caractéristiques temporelles des individus dans la formation et l’évolution du lien affectif qui les unit, nous avons émis deux hypothèses. La première consiste à poser le fait que des tendances d’évolution du rapport affectif se dégagent de la confrontation des temporalités urbaines et des temporalités individuelles. La seconde hypothèse précise que ces tendances permettent de mettre en évidence les points d’accroche des lieux à partir desquels les individus établissent leur relation affective et selon lesquels cette dernière évolue. Nous commençons par ancrer notre problématique dans les fondements théoriques des sciences de l’habiter en montrant que le rapport affectif, défini comme un être-là qui fait affectivement avec l’espace, en constitue une dimension particulière. Puis nous explicitons nos positionnements méthodologiques, en présentant l’intérêt d’une appréhension temporelle du rapport affectif au lieu, laquelle permettrait d’envisager de mettre en adéquation les temporalités urbaines (conception) aux temporalités individuelles (usage), dans une conception chronotopique de l’urbanisme. Notre choix de travailler à l’échelle de l’individu est également justifié par le fait que le rapport affectif est une donnée d’ordre individuel, mais aussi par les changements de société induits par les processus d’individuation et de subjectivation grâce auxquels les individus s’inventent eux-mêmes en mobilisant particulièrement leurs expériences spatiales. Nos quatre terrains d’étude situés à Nantes sont des espaces publics ou recevant du public, choisis parce qu’ils représentent des temporalités de conception différentes et qu’ils abritent des fonctions urbaines diverses. L’investigation empirique menée sur ces lieux urbains, en ayant recours aux trois techniques d’enquête mobilisées (questionnaires, entretiens, observations) par notre méthode, aura permis de mettre au jour des figures idéales-typiques de l’évolution de la relation affective entre l’individu et le lieu. La constitution de ces figures idéales-typiques, établies à partir de la confrontation de typologies temporelles de lieux et de typologies temporelles d’individus, nous a offert la possibilité d’exprimer ces évolutions en termes de tendances. Ces dernières, par leur nature et leur orientation, ont mis en évidence que ce sont principalement les individus, selon leur avancée dans la vie et leur ancienneté de connaissance des lieux, qui déterminent l’évolution du rapport affectif au lieu. Néanmoins, force a été de constater que les lieux ne sont pas neutres, et même si leur influence semble moindre en comparaison de celle des individus, ils détiennent un potentiel à susciter une relation affective. Nous avons ainsi pu soulever des points d’accroche ou prises sur lesquelles les individus « s’appuient » ou dont ils se saisissent pour construire leur relation affective envers le lieu. Nous avons donc proposé un modèle dynamique de l’évolution du rapport affectif, lequel fait ressortir les tendances d’évolution du rapport affectif en fonction des caractéristiques temporelles des individus et des points d’accroche des lieux. Partant, nous avons posé les prémices d’une réflexion quant aux possibilités et aux limites de l’intégration de cette connaissance sur le rapport affectif au lieu dans la pratique urbanistique.